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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 12:48

Le temps, que j’ai consommé avec envie et gourmandise, a su me guérir de mes colères et mes rancœurs, ne me laissant que des regrets, comme moteurs de mon futur. Comme le ruisseau, descendant la montagne, lave le rocher de son eau limpide, il a décroché, nettoyé, tout ce qui étouffait mon âme, jusqu’à me rendre  fou de rage et d’envie de vengeance.

Le temps, qui est passé, est arrivé à calmer mon ardeur, apaiser mes rêves de victoire, de reconnaissance. J’ai fini par comprendre que j’étais mon pire critique, partial et de mauvaise foi, et que pour pouvoir avancer sur mon chemin, quel qu’il soit ce soir ou demain, je devrais faire la paix avec moi-même, si je veux être en paix avec les autres.

Le temps qui m’a ridé, m’a donné à apprendre envers et contre moi. J’ai du vidé mon cœur de ce trop plein d’orgueil qui m’empêchait parfois de pouvoir demander pardon. J’ai chuté tant de fois, et du me relever, j’ai fait tant de plans qui n’étaient que des utopies, que ma mémoire n’arrive même pas toujours à se les rappeler tous.J’ai hurlé de douleur de m’être si souvent trompé, d’avoir tant de fois raté, alors que sans m’en rendre compte, j’engrangeait la sagesse, et je perdais ma peur.

 

Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain, je goûte mon bonheur, mon âme est épurée, mon cœur plein d’amour. Je n’ai rien à prouver, il m’aura bien fallu tout ce temps pour l’apprendre. Je n’ai qu’une ambition, donner du bonheur à tous ceux que j’aime, répondre aux attentes de ceux qui me respectent,et oublier une fois pour toute, tous ceux avec qui je ne pourrais jamais rien partager. Plus d’attache, plus de lien, je suis libre comme l’air, et prêt comme jamais à suivre le chemin qui se dessinera devant mes pas. De ma jeunesse j’ai gardé le feu et le désir de paix, mais aussi cette belle philosophie altruiste, que nous pourrions un jour édifier un monde où nous serions tous un peu frères. Nous n’avions pas pensé que cela serait si dur, c’est vrai, doit on penser que cela est impossible ? Bien entendu, je ne le crois pas !

Aurais-je encore  assez de temps ? Bien sûr, puisque je n’ai pas de programme ! Juste demain, s’il vous plait !

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 19:12

C’est quelquefois une chanson de Sinatra, qui s’insinue et me rappelle que j’ai aussi connu cette époque là, ou bien, presque au bord de l’oubli, j’entends  Noël chanté par Tino Rossi.

Non, mon passé n’est pas uniquement rempli de pop psychédélique sur les accords de Pink Floyd, des Who  ou de Ten years After, ni de  soul music avec Marvin, Donna Summer, Mickaël Jackson, c’est un imbroglio, un kaléidoscope de chansons des époques précédentes où j’aime à retourner me promener par moments, lorsque l’ennui me rappelle que j’ai moins de temps à dépenser que je ne le croyais à ces époques d’insouciance.

C’est vrai, les sons n’étaient pas numériques, les radios n’étaient pas encore FM, la Hi Fi ne nous atteignait pas ; nous écoutions de petits transistors qui crachouillaient un peu, des tourne disques et mange disques aux craquements incessants. Nos 45 tours, nos 33 tours étaient rayés, gondolés, usés d’avoir été parcourus sans cesse, mais nous gorgions notre âme de tous ces son et tout cela est venu enrichir mon passé, lui a donné corps et rondeur.

Rien que de vous en parler, me reviennent instantanément ces images fugaces de « Salut les copains », ou de l’émission d’Albert Raisner le joueur d’harmonica, « Age tendre et tête de bois » ; c’est aussi  la voix haut perchée de Mireille, et de tous ces artistes qu’elle a vu passer, et qui firent les beaux jours de la variété. Oh bien sûr, j’étais très jeune, pas encore dans ces moments d’adolescence où l’on se bâtit une future image d’adulte, mais la mémoire n’a rien éliminé, et à ces instants tout me semblait merveilleux !

Oui j’ai connu Jean Nohain et « ses trente six chandelles », Guy Lux et Simone au temps de leurs premiers « Intervilles », Raymond Marcillac et ses dimanche après midi, les dossiers de l’écran dont le simple générique donnait déjà des frissons, cinq colonnes à la une, Maritie et Gilbert et leurs invités, bouvard et ses Samedis Soirs, Jacques Martin et son petit rapporteur……

J’ai plus de souvenirs à l’écoute des chansons de Bécaud, d’Aznavour,  Joe Dassin, de Dave, que je n’en ai de mon époque pop, où Led Zeppelin, Alvin Lee et Deep Purple  venaient hurler mon insoumission.   Cette  variété qui hantait les radios de nos parents, par ailleurs allumées toute la journée, fait remonter en moi des effluves de bonheurs sans complexes, de joies sans limites, comme nous les avions durant notre jeunesse.

Mon premier amour de jeunesse s’est brisé sur « Message Personnel » de Françoise Hardy, j’ai commencé mon premier emploi alors que l’on entendait partout « El Bimbo », mes plus beaux souvenirs de vacances, en partie parce que je goûtais les premiers plaisirs de la vraie liberté que m’offrait mes parents, à seize ans, seront à jamais bercés par « Pop Corn » ou « Il était une plage » par Alice et les Associés, ce slow qui a si souvent noyé ma mélancolie, au fond de ma banlieue, lorsque l’Automne effaçait toute les traces de mes étés. Esther Galil illumina un réveillon de Noël, avec sa chanson « Le jour se lève ».  

Juvet, Christophe, Carlos, même Dave, tous ces chanteurs ont peuplé mes premières vraies nuits blanches, en night club, au milieu de Steevie Wonder, les Earth Wind of Fire ou encore les Bee Gees. Avec eux,  nous cherchions où étaient les femmes, nous écoutions  « les mots bleus », et nous dansions tout nus et tout bronzés; c’était une sacré fête, sans extasy, sans emphèt, juste un peu de folie. David Ghetta et Bob Sinclar n’était peut être même pas encore dans les bacs à sable, il n’y avait que « Doc » et ses collègues pour nous rendre fous et nous pousser à nous aimer au petit matin.

« Quand le monde autour de toi aura tant changé,

Que toutes choses que tu frôlais sans danger

Seront devenues si lourdes à bouger…… »

Chantait Gérard Manset, dans son « Jardin des Délices », eh bien c’est le mien dont je vous ai entrouvert les portes ce matin, celui où je retourne sans cesse et sans fin !

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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 15:19

Être heureux, être heureux après tout, comme un dément comme un fou, isolé dans un monde qui charrie le cafard, en noyant  ses ouailles sous un déluge morbide d’images de souffrance. Accepter d’oublier que d’autres, dont on ne sait rien, donneront au bonheur une tout autre face,  d’une simple obole offerte au milieu de leur désert, de quelques gouttes d’eau qui étanchent cette soif qui absorbe leur âme.

Être heureux, être heureux malgré tout, acceptant chaque matin  de ne voir que le bleu qui nous entoure ; repeindre notre monde aux couleurs de joies, parce que nous en avons vraiment la possibilité, se maquiller de rires,  de liesse et d’allégresse comme le clown qui se farde pour entrer sur la piste, et plutôt que des larmes qui bruleront le cœur, faire jaillir en chacun un brin d’hilarité.

Être heureux, être heureux malgré soi, envers et contre tout, tout ce qui nous remonte de nos fautes passées, de celles que nous n’osons même pas admettre nous-mêmes ; Savoir dire dès le tout premier pas de la journée effectué :   « à vous qui m’avez si souvent blessé, je veux dire merci de m’avoir bien armé, aujourd’hui comme hier, j’avancerai sur mon chemin, plus libre et plus léger, de ne plus avoir peur de trébucher ni même de chuter. »

Être heureux coûte que coûte, contre vents et marées, en faire sa fierté, sa bannière, son étendard ! Trouver de la beauté à être Dom Quichotte tout autant que Sancho Panza, combattre les moulins mus par les vents de l’arrogance et de l’incompréhension.

De notre dérision  se construire une armure, pour mieux se protéger des piques  de la haine, chevaucher l’étalon que l’on nomme Amour,  comme se  laisser bringuebaler, sur  le dos d’une vieille rosse, à suivre le chemin tortueux qui nous rapproche de la vérité

Être heureux enfin, parce que c’est aussi simple que de respirer, que de boire ou manger, parce que rien ne nous empêche,  parce que le gâteau de la vie est fait de millions d’ingrédients, et qu’il en suffit d’un pour émerveiller nos papilles, chaque jour !

Déshabiller le futur de sa robe d’espoirs, son manteau de projets, pour en draper notre simple présent, sans jamais oublier qu’à peine la seconde  fut elle vécue qu’elle devient  du passé, notre passé. Le plus dur est de s’en donner le droit, l’autorisation, la déculpabilisation, en se disant somme toute, que l’on peut être un phare qui guide le naufragé perdu dans l’immensité d’un océan de  peur du lendemain.

Être heureux est donc bien notre seule bouée,  si l’on accepte toutefois de bien vouloir s’y accrocher !

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22 septembre 2011 4 22 /09 /septembre /2011 07:16

La porte de la BX break claqua, se fermant sur la petite famille qui s’était entassée à l’intérieur. Le moteur ronronnait, aspirant à grandes goulées l’air frais de la nuit juste née, tombée sur les barres d’immeubles et le square encastré entre. Un arrêt, un stop, puis la voiture s’engagea dans la rue, puis dans une autre, qui s’ouvrait sur une suivante, jusqu’à l’entrée de l’autoroute.

A coté de moi qui tenais le volant, elle, Maman de mes enfants, amante, confidente et rempart contre mes peurs, ne disait pas un mot, la tête baissée pour mieux cacher dans la pénombre, ces larmes qui avaient pris le pouvoir dans ses yeux.

Nous quittions le cul de basse fosse, cette barre de HLM, qui avait cru nous emprisonner pour « perpèt », sans remise de peine pour bonne conduite, pour notre autre vie, oui, une vie celle là, et non de la survie ! Malgré l’excitation extrême de l’instant fatidique, les enfants, derrière s’étaient écroulés dans un sommeil profond, bercés par la musique de l’asphalte que les roues avalaient goulument.  Même le chien dans le coffre n’avait pas pris la mesure de l‘instant et ronflait plus fort encore que le moteur qui les berçait.

Nous abandonnions définitivement ce dédale de rues, d’avenues, de boulevards, d’autoroutes, les couloirs de bus, les feux tricolores plantés à tous les carrefours, les heures volées, perdues, abandonnées sur les quais de gare, de métro, dans les embouteillages qui construisent la banlieue, peu importe qu’elle soit nord, sud, est ou ouest, et toutes ces milliers de minutes qui nous avaient été dérobées à l’insu de notre plein gré.

La nuit venait de défiler, d’engloutir notre passé, pour faire place nette à un avenir que nous imaginions radieux, chantant et surtout heureux !

Treize ans depuis se sont écoulés, le temps filant comme l’eau claire des ruisseaux de montagne. Treize ans limpides de douceur et de suave simplicité. Nous avons commencé par être les intrus, puis les parisiens, ce que nous sommes toujours un peu pour les autochtones, puis les voisins, jusqu’à devenir les anciens.

Nous avons mis quelques mois à oublier nos cauchemars, nos hantises, nos tics, nos tocs, pour attraper le calme local, la certitude que la vie ne se courrait pas comme un cent mètres, mais se goûtait comme une promenade sur la plage, au bord de l’eau. Nous avons oublié de suivre les ordres de nos montres, pour écouter ceux de nos corps. Nous avons retrouvé le désir de lever la tête et les yeux autrement que pour vérifier l’altitude de l’avion qui envahissait notre espace sonore, et la vie est revenue en nous, autour de nous. Nous  sommes redevenus humains, de chair, de sang, de plaisir, d’amour, nous en avions le temps, l’opportunité et le droit.

Fabuleuse richesse que nous ne pouvons évaluer, qui ne se découvre qu’une fois le pas franchi, et encore, en  laissant passer quelques mètres cube d’eau sous les ponts de nos certitudes. Nous avons désappris, oublié, gommé ce qui avait pu faire les bases de notre ancienne vie. Cela s’est fait sans que nous ayons à le vouloir, simplement parce que nous étions si heureux de vivre ici, que la lumière nous empêchait d’apercevoir l’horizon de nos mémoires.

Comme tous les mois de Septembre, lorsque les derniers estivants quittent notre région, pour retrouver leurs geôles, leurs cages dorées, me vient ce doux rappel à la vie : non, tu n’as plus à rentrer de ta conditionnelle,  tu as bel et bien gagné le droit à cette liberté, celle des plages ensoleillées et désertes, où les rouleaux te chantent la gloire de l’océan, ou la forêt de pins et de cyprès tordus par les tempêtes hivernales, danse un ballet odorant, émerveillant tes yeux, comme ton sens olfactif.

Treize ans se sont passés et s’il est une certitude qui m’habite, c’est que je n’ai pas le moindre regret !

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21 août 2011 7 21 /08 /août /2011 19:25

Photos Voyage de Septembre 2009 262

Six heures du matin, le soleil venait de sortir de l’eau, là bas sur l’horizon maritime, ses rayons rasaient et irisaient la surface de la Méditerranée, limpide, immobile, de l’autre coté de la digue. Des immeubles qui encadrent le port, aucun bruit ne filtrait. Seul un livreur déposait sa marchandise devant la porte encore close d’un restaurant.

barque-catalane.jpg

Victorin, sortit les quelques affaires qu’il emmènerait  de son coffre, les déposa sur le quai, puis remonta dans sa voiture pour la garer au parking, un peu plus loin. C’était une belle journée qui s’annonçait, une journée magnifique comme Juin sait en offrir à la région, et il fallait en profiter dès l’aube ! De toute manière Victorin ne savait plus dormir plus tard que l’aube depuis bien longtemps, si longtemps qu’il n’avait pas de souvenir d’avoir fait un jour la grasse matinée. Il laissait ce plaisir à son épouse, et disparaissait sans un bruit de la maison dès les premières lueurs du jour, pour venir sur  le port où se cachait son bijou.


Lorsqu’il revint devant son paquet d’affaires flanquées à même le sol du quai, un des vieux pêcheurs professionnels qui restait encore en activité, comme presque chaque matin, se releva dans sa barque, et salua Victorin, d’un grand geste de la main. Il rangeait ses filets dans la soute.

-«  Je ne t’avais pas vu Antoine ! Tu pars en mer ? »

-«  Non, je range juste mes filets, aujourd’hui, c’est repos ! Et toi, Victorin, où vas-tu comme ça ? »

-«  Me promener le long de la côte, je descends comme d’habitude, mais je ne pêcherais peut être pas, on verra, les vents n’étaient pas bons hier, ils ont repoussé le poisson plus au large ! Allez, Bonne journée Antoine ! »

-«  Toi pareil ! »

Victorin descendit par la petite échelle jusqu’à sa « Catalane », son embarcation typique, il tira alors à lui, les quelques affaires qui restaient sur le quai, la voile latine,  le réservoir d’essence qu’il brancha au moteur.  Il arrima sa voile au mat. En dessous de l’embarcation un banc de mulets, dérangé par le mouvement de la barque sous les pas de Victorin, quitta l’ombre et sinua nonchalamment vers d’autres lieux plus calmes dans le port. L’amarre défaite, la barque s’éloigna doucement du quai sous la poussée du bras de Victorin, laissant un fin sillage dans l’eau claire. Il démarra le petit moteur qui toussota puis prit son tempo régulier. Pompompompompom chantait le moteur entrainant la barque loin de la forêt de haubans et de mats qui tintaient sous la risée matinale. Une petite vague dans le sillage de l’embarcation tentait de monter à l’assaut de la digue, sans même inquiéter les mouettes encore endormies sur les enrochements. La Catalane coupait l’eau sans bruit, sinon celui du moteur, et puis d’un seul coup, ce fût la mer et son immensité bleue, cristalline, lumineuse.

Victorin stoppa le moteur, déroula la voile latine, qui après quelques gonflements hésitants, prit le vent et s’enfla de son énergie. Dans le murmure du clapotis qui caressait les flancs de la barque, l’eau baignée de lumière s’entrouvrait sous l’étrave, ne laissant derrière qu’un trait d’écume, quelques remous. C’était le moment préféré de Victorin, propulsé par un silence feutré, baigné par la lumière rasante de ce soleil qui annonçait l’été, la catalane filait avec lenteur vers les contreforts pyrénéens qui viennent mourir dans l’eau claire de cette mer qu’il aimait tant. C’est là qu’il va, là ou personne ne peut venir à pied, loin du monde fou, loin de la société.  La roche sombre s’enfonce dans l’eau bleue limpide. La Méditerranée vient lécher ou frapper le pied des montagnes, selon les vents et les courants, mais ce matin, elle n’était que caresse, cristal vivant.

Le  soleil était déjà monté haut, toujours plus haut, l’aube faisait place au matin,  Victorin affala la voile, puis jeta la chaine où pendait le morceau de béton qui lui servait d’ancre. Tout brillait autour de lui, la lumière amenait doucement la chaleur. Il ôta son sweat-shirt, puis son tee-shirt, il attrapa le masque et le tuba qui trainait sur le pont, près de lui, puis se lança dans l’eau fraiche, qui réveilla son corps endolori par le poids des ans. Quelques respirations poussées, accroché au flanc de l’embarcation, puis prenant une grande inspiration, il s’enfonça sous l’eau, là où le monde merveilleux l’attendait ! Dans chaque anfractuosité de la roche, au milieu de cette lumière liquide, vivait un monde coloré, énergique, de poissons que Victorin aimait à contempler !

Victorin n’était pas né ici, il avait vécu en banlieue parisienne, dans le gris persistant, la foule, les mauvaises odeurs, le métro, les bus, le RER. Il était venu vivre à la retraite, il y a maintenant plus de quinze ans, et il était devenu fou de cette richesse impalpable, de ce bonheur à nul autre pareil !

Victorin était un homme heureux, il savait bien qu'il avait trouvé son paradis !

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7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 12:56

Les ténèbres viennent de prendre possession de l’espace autour de nous, et les lampes du salon n’arrivent plus, malgré tous leurs efforts, qu’à offrir un pale halo lumineux autour d’elles. Une peur glacée, tranchante s’est emparée de tout mon être, me cisaillant, me transperçant, en te regardant, ramassée et prostrée sur le canapé, les jambes rabattues devant toi, retenues par tes bras, dévorée par ton chagrin.

Je suis rentré, j’étais léger, gai, malgré ce maudit temps automnal dehors, qui mouillait la nuit trop vite tombée. J’étais heureux de retrouver cet espace familier, réconfortant, où je te trouverais comme chaque soir depuis quatre ans. Notre vie me rend heureux, ceci depuis le début, je t’aime, j’en suis certain !

A peine avais je ouvert la porte, posé mes affaires et mon imperméable dans l’entrée, j’ai remarqué qu’il y avait une ambiance étrange dans l’appartement, sans que je puisse la cerner. Je t’ai trouvée, debout dans le salon.

Ton visage, oui, c’est ton visage qui m’a choqué de suite, brouillé, maquillé d’une tristesse infinie mélangée à une rage infernale. Tes paupières semblaient passées au charbon de bois ! C’est alors que la lame du destin m’a déchiré le ventre de part en part, me laissant sans voix.

Tu t’es approchée de moi, les yeux emplis de larmes, en quelques pas,  sans un mot, sans un son, tu m’a giflé de toutes tes forces, de toute ta colère. Je n’ai même pas eu le temps ni l’envie de l’éviter, je venais d’entendre sonner l’heure de payer la note.

-« Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi Salaud ? » M’as-tu hurlé en pleurant, et moi, d’un seul coup, je me suis retrouvé comme un petit garçon incapable d’expliquer sa bêtise, une bêtise qu’il avait faite parce que c’était une bêtise, sans autre raison. Je n’ai rien nié, rien réfuté. Tu savais et je savais que tu savais, il n’était donc pas utile d’ajouter l’ignominie à ma trahison !

A ce moment, je rêvais de pouvoir te prendre dans mes bras, arrêter ces larmes qui te noyaient, te dire que je t’aime,  plus que tout,  te serrer contre moi jusqu’à étouffer de toutes mes forces ton chagrin, mais plus rien n’avait de sens, au moins pour toi, et c’était le pire des malheurs pour moi !

J’avais juré aux autres, à toi, mais surtout à moi-même de te protéger de toutes les souffrances, c’était mon "Rôle d’homme", et là, ce soir, c’était moi que j’aurais du punir, celui qui venait de te blesser comme personne ne l’avait jamais fait auparavant.

Tu n’écoutes pas, tu refuses de m’écouter, ce sont des abysses vertigineuses qui nous séparent ce soir, infranchissables. Mais que puis je te dire ? Que je ne t’ai pas trompée ce soir là avec Clarisse, mais que c’est elle qui a profité de ma faiblesse d’homme ?  Que je t’aime et que je tiens à toi plus que tout au monde ? Que je ne conçois même pas une journée à vivre loin de toi ?

Je ne trouve rien pour effacer ces maudites minutes où j’ai été en dessous de tout, ce plaisir ignoble que j’ai pris loin de toi, parce que je me suis cru invulnérable quelques instants.

Arrête, je t’en supplie, arrête de pleurer, tes larmes sont un acide qui me dévorent le cœur et l’âme ! Je ne peux supporter ton chagrin ! Frappe moi, de tes poings, de tes mains, de tes cris, mais ne pleure plus, seule et blessée, je meurs de te voir si malheureuse !

Je veux revenir en arrière, refaire mon destin autrement, comme je l’avais rêvé,  te faire des enfants, t’aimer jusqu’à la fin de mes jours, sans erreur, sans Clarisse sur mon chemin, juste toi pour chacune de ces minutes qui me restent à vivre !

Tu es sortie de ta torpeur, t’es levée d’un bond du canapé, où la pénombre te caressait, tu as pris ton sac, tes clefs, sans un regard vers moi, les yeux si fatigués de pleurer, et tu as presque couru vers la porte, pour t’enfuir, partir, n’importe où, loin de moi, loin du dégoût qui insulte ton cœur !

J’ai tendu les bras, les mains, les yeux,mais mes lèvres sont restées closes, je n’avais rien à dire pour te retenir, pour ma défense, et ce soir, je savais que je ne devais surtout pas te dire que je suis fou de toi, que je suis malade de toi.

Le silence a repris domicile dans notre appartement, dans ma tête, dans tout mon être. Je n’ai plus que ma souffrance à consommer, la bouteille de whisky est vide et ne m’a même pas saoulé !

J'ai mal de ce que j’ai fait, de ce que je suis, de ce que je t’ai imposé ! Pourras-tu un jour admettre que je t’aime ? Parce que c’est la seule chose de sûre :

JEEEE T’AAAAIIIIMMMEEEEE !!!!!

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 09:55

1973 J’allais avoir dix sept ans !

 

               Voilà, les portes du  Moulin viennent de se refermer, nous rejetant aux bords de l’aube qui n’allait plus tarder.

Le moulin

 

 

Nous sommes là, devant ce petit port du Douhet en haut de l’ile d’Oléron, entre Saint Georges et Sauzelle, ou quelques voiliers épars dialoguent entre eux et la mer derrière la jetée, battant la mesure de la risée sur leur gréement. La fin de nuit nous parait douce, alors que nous sortons tout juste de l’atmosphère surchauffée de la boite de nuit, de ses spots qui nous ont électrisés, de l’alcool qui continue son lent cheminement et de mettre de la lave dans chacune de nos veines.

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Stevie Wonder perpétue son « Superstition » dans tous nos neurones, malgré la quiétude de l’heure trop matinale, et nous avons de la musique plein la tête. Envie de danser, envie de se laisser une nouvelle fois emporter par la frénésie, mais le corps vient d’être kidnappé par la fatigue, oubliée quelques heures, qui avait fait son retour avec le calme et  la douceur de l’air marin. Un frisson, la chemise collée au corps par la sueur déversée pendant des heures nous fait frissonner sous l’air marin

Un dernier salut à nos compagnons de nuit, rencontrés le soir, que l’on ne reverra certainement plus jamais, malgré ces promesses que l’on a déjà presque oubliées.

Il faut rentrer, la canadienne, le matelas et le sac de couchage nous attendent au camping blotti sous les pins, derrière les dunes de sable fin, qui seront envahies dans quelques heures de vacanciers près à se bruler la peau, pour prouver que leurs vacances étaient fantastiques.  Tout notre être aspire à les retrouver, mais il y a trois bons kilomètres, voir quatre à faire pour les retrouver.

Serge et moi nous regardons, il faut y aller, escalader les gros rochers de soutènement de la digue qui va s’enfoncer dans l’océan, pour atteindre la plage qui forme une petite baie,  protégée par les pins maritimes.

« Merde, c’est marée haute ! » Nos jambes semblent devenir molles et ne plus nous soutenir rien qu’à l’idée qu’il va nous falloir parcourir les plus de trois kilomètres de la plage dans le sable sec et mou.

« Very superstitious, writing's on the wall,
Very superstitious, ladders bout' to fall,
Thirteen month old baby, broke the lookin' glass
Seven years of bad luck, the good things in your past.”

Je  chantonne pour oublier chaque pas nécessaire après le précédent, pour nous rapprocher de notre délivrance, mais  Serge n’écoute plus, n’entend plus, il dort en marchant, ou marche en dormant qu’en sais je exactement ?

 Je suis seul avec les flashs  lumineux de cette nuit de vacances passée avec les grands qui reviennent dans mon esprit cadencer mes efforts.

Mes pieds me font mal.  J’ai eu mon petit succès avec  le look bien habillé pieds  nus, mais après plusieurs heures, on rêve de chaussures ; Tant pis, j’ai fait mon petit effet, je suis fier de moi. Mes cheveux longs et blonds ressemblent à de la filasse, et sentent le tabac froid à dix mètres au moins ; mes vêtements n’ont plus d’allure, mes pieds  chauffent malgré la fraicheur du sable, mais je suis sur un petit nuage dans ma tête ;

Une jeune femme a passé une bonne partie de la soirée à me  suivre du regard, le détournant chaque fois qu’il croisait le mien. Elle était belle, grande et malheureusement accompagnée, un homme, alors que moi je ne suis qu’un jeune homme. Chaque fois que je sentais ses yeux dirigés vers moi, je redoublais d’efforts dans des danses encore plus hystériques.

La belle est partie avant la fermeture, mais je me souviens bien de son visage, de tout son être qui à ce moment précis me fait oublier les agressions de la fatigue, tandis que Serge avance les bras ballants le long du corps, la tête penchée en avant prête à se détacher du cou.

plage de la gautrelle

Plus d’une heure de marche, le jour cette fois apparait devant nos yeux, sur l’horizon maritime, nous dépassons deux pécheurs, vieux baroudeurs habitués aux nuits de veille à surveiller le tintement de la clochette perchée en haut des cannes.

Nous arrivons enfin, l’entrée qui tranche la dune, un effort pour monter les quelques mètres, puis encore quelques mètres pour atteindre l’entrée du camping, nous sinuons sur les chemins carrossables de galets enfoncés dans le sable, entre les parcelles et arrivons enfin devant nos tentes respectives. Pas de besoin de bonne nuit, de bonsoir de au revoir, tout cela est superflu !

Camping-Club-de-France-la-Gautrelle_taille500x320W.jpg

Le bruit familier et rassurant de la fermeture éclair qui monte puis redescend, j’enlève tous ces vêtements qui sont de trop et m’effondre sur le matelas et le duvet, pour sombrer de suite dans mon monde de rêve où la belle est venue me retrouver en cachette de cet homme que je jalouse en silence.

Un bruit……. Une voiture qui passe…… rien ne me sort de mon sommeil protecteur.

-«  Chers amis bonjour ! Ici le jeu des mille francs dans la petite ville de Bressuire à 350 kilomètres de Paris…… »

De la tente familiale voisine, où la femme s’active à préparer le repas qui ne saurait tarder, sur la table pliante en fer, trône le poste de radio, et comme en écho aux centaines d’autres allumés en même temps sur France inter, Lucien  Jeunesse vient de mettre un terme à mon droit au repos. Il est midi et les campings ne sont pas faits pour ceux qui vivent la nuit, aussi dois je me rendre à la raison, ma journée commence maintenant ! Ce soir, je retournerai au club du Douhet, à pieds s’il le faut, j’irai retrouver mon inconnue, danser comme un possédé, ce soir je vivrai ma jeunesse !

 

C’était il ya trente ans, j’ai bien rencontré la jeune femme, mais ce sera peut être l’objet d’une autre historiette. Par contre chaque fois que j’entends une parcelle d’enregistrement de ce jeu qui se terminait invariablement par :

-«  Et à Demain si vous le voulez bien ! » Lancé au public et aux auditeurs par Lucien Jeunesse, je retrouve avec bonheur ces petits moments fantastiques !

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4 juillet 2011 1 04 /07 /juillet /2011 11:57

Il ne m’a pas fallu longtemps, à peine mon amour parti rejoindre son lieu de travail, l’idée a commencé à m’exaspérer les neurones. Il n’était pas encore  six heures trente, le soleil n’était pas encore levé, même si la nuit s’était échappée sans bruit, j’en avais envie, franchement, comme d’un cadeau du ciel, une bénédiction, et c’en est une !

Bon, il est huit heures, qu’est-ce que je fais ? Au Diable, j’y vais !

Je me change rapidement, enfile le maillot de bain sous le short cycliste, un polo, les sandales de plage, je sors le vélo sur la terrasse, il fait un temps magnifique dans ce petit jour, le soleil est enfin levé, caché par les arbres, mais le ciel est blanc de sa lumière.

Brrrrr, il ne fait pas si chaud, ne vais-je pas avoir froid en vélo ? Bon, je rentre une nouvelle fois pour prendre et mettre un sweatshirt ; c’est bon, j’ai tout ? Oh, la serviette de bains pour me sécher ! Je ne vais jamais y arriver !

J’enfourche le VTT, je suis dans la rue, je pédale avec envie et énergie, je suis sur la piste cyclable en forêt, un lapin détale devant moi, zigzagant comme s’il ne se souvenait plus d’où il venait. Je quitte la piste cyclable pour reprendre la petite rue et rejoindre la route de la Grande Côte, Une longue ligne droite qui mène directement à l’océan.

Je mouline et l’air frais me fouette le visage. Qu’est ce que je me sens bien, j’ai dans la tête la chanson « Sarbacane » de Francis Cabrel qui me donne le rythme ; je reprends la piste cyclable qui longe la route, je passe devant le parc à piquenique, où les poubelles dégorgent des dernières marques du Dimanche et des familles venues profiter de quelques heures loin de leur vie.

C’est décidé, au lieu de la plage de la Grande Côte, je vais à celle de la Bergère ! C’est la même, juste une continuité, seul le nom de l’entrée change,  mais comme elle est plus éloignée de la commune, il y a, du moins à cette heure, des chances qu’il y ait moins de monde. Je contourne le camping du Grand Corseau, et j’arrive enfin  sur le parking de la bergère, il ne m’a fallu que sept à huit minutes pour atteindre mon but. Je saute du vélo, attrape le guidon à la main et avance à pied. Une fois la dune passée, c’est la longue plage incurvée qui m’accueille, l’air est limpide, cristallin, mais surtout, c’est l’océan qui trône sur l’endroit, bleu, vert, majestueux, calme et semblant endormi ; Seul mouvement le rouleau qui venait s’écraser sur le sable juste dans les derniers mètres d’eau, comme une respiration.

Je me sens heureux, en vie, débordant d’énergie. Je retrouve ces sensations miraculeuses que je percevais lorsque nous vivions si loin d’ici, et que après avoir tant attendu et rêvé, nous venions passer quelques semaines trop brèves.

J’entre doucement dans l’eau, elle est fraiche, très fraiche, j’ai la chair de poule, mais je n’ai pas fait tous ces efforts pour abandonner maintenant ! Peu à peu, centimètre après centimètre, j’ai le corps baigné dans cette eau bleue et verte qui m’absorbe. Je me suis habitué à sa température, je me sens si vivant, si privilégié. Au bord de l’eau, une jeune femme et une jeune fille marche nonchalamment  avec une jeune femelle dogue allemand à la robe grise tachetée ; elles s’accroupissent au fur et à mesure de leurs pas, pour choisir les coquillages et galets que l’océan a déposé à leurs pieds.

Je m’emplis de toute cette énergie qui m’entoure, je bois par chacun de mes pores, la fraicheur qui m’enserre dans son carcan. C’est pour moi l’augure d’une journée magnifique, où je gouterai chaque minute qui me sera offerte.

La baignade est terminée, je prends ma serviette et me sèche vigoureusement, le soleil a pris le contrôle complet de son ciel ; on ressent la chaleur caressante de ses rayons, mais aujourd’hui, je ne lui laisserai pas le temps de me nourrir, j’ai déjà dans la tête de venir à vous, mes amis, avec ma peinture faite de voyelles et de consonnes colorées, de vous donner cette carte postale de mon cœur, pour illuminer ce début de semaine où vous serez encore enfermés, prisonniers de vos impératifs.

La route défile sous mes roues, puis de nouveau la piste forestière, une autre, je ne rentre pas par le même chemin. Dans ma tête, c’est toujours Francis qui est sur la scène, mais cette fois, il me chante une de mes préférées : Rosie

« Elle était déjà là bien avant

Que les camions ne viennent,

Elle tournait comme une enfant

Une poupée derrière la scène !

C’était facile de lui parler….. »

 

Bonne semaine estivale à tous, et toute mon amitié !

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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 19:54

Quelques notes de musique, sur une vieille guitare aux accents oubliés, la voix  mélancolique de cette chanteuse que l’on aimait tant, et c’est une douce tristesse qui nous inonde et nous noie et paradoxalement nous parcoure d’un frisson heureux !

C’est la chanson d’une rupture ancestrale qui revient nous hanter sur les ondes, au milieu des bouchons, prisonniers volontaires d’une solitude effrayée, qui nous redonne à revoir la pièce dramatique que nous nous sommes jouée, où nos larmes donnaient le tempo d’une litanie qu’on refusait de rompre. Dieu qu’il est doux de ressentir ces instants, lorsque la vie nous a transporté vers d’autres planètes, d’autres vies !  Qu’il fait bon retrouver juste quelques secondes, ce goût particulier de nos perles salées qui ont baigné nos joues !

Ce qui nous détruisait le cœur et l’âme devient alors source de vie et de plaisir, oui de plaisir ! Celui de se rappeler combien on a aimé, vibré et tressailli, nous offrant l’assurance ultime d’avoir vraiment vécu. Cette immense tristesse est le seul gage d’avoir été heureux, un instant, un an ou une vie ! Sans ces larmes brulant certaines de nos nuits, nous ne sommes que des ombres qui s’étiolent à hanter des lieux de solitude.

C’est donc par la musique qu’on garde à tout jamais le lien, quelques paroles perchées sur une bande de notes accrochées à une clé. Peu importe que celle ci ait été grandiose, sensationnelle, elle est notre chanson d’amour perdu,  celle qui déclenche l’étincelle, le flot de lave qui d’un seul coup coule de nouveau dans nos veines.

Prions tous les Dieux de ne jamais nous préserver de ces doux moments, ces quelques instants musicaux pour rompre notre ennui !

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 05:40

Si je ne suis pas nostalgique de ma propre jeunesse, l’éponge de la vie nettoyant peu à peu le tableau de mes souvenirs, qu’ils soient bons ou mauvais, la jeunesse de mes enfants me manque, terriblement, ostensiblement.

Leurs petits mots me font encore sourire, ceux qui sont entrés dans notre usuel, notre journalier ; leurs joies, leurs rires sont accrochés comme des guirlandes dans mon âme, et scintillent  dans mes pénombres.

J’aimais tant ces petits visages, petits bonhommes et bout de femme, leurs tendres manières de vouloir imiter les grands, nous imiter le plus souvent, dont nous étions les spectateurs conciliants. C’était une gigantesque envie de nous émerveiller qui leur donnait des ailes :

-«  Papa, c’est moi qui le fait, Papa, moi ! »

-«  Maman Hein que c’est moi qui vais le faire ? »

Celui-ci qui allait ranger le tas de bois, buches amassées presque aussi lourdes que lui, qu’il allait falloir entasser en stères, qui l’emportaient à chaque pas, manquant de le faire chuter ; celui là qui veut rentrer les mêmes buches près du foyer, qui monte avec tant de difficultés les marches venant du jardin pour arriver au salon, dans ses bras le lourd morceau de bois qui semble prendre vie et vouloir s’échapper de ses petites mains qui l’enserrent. Le front est froncé, le visage sérieux, tout empli de la gravité de l’action. Une fois la tache accomplie, se frottant les mains avec ferveur et entrain, avec cette assurance pleine de conviction, le voici qui nous dit :

-«  j’ai fait du bon boulot ! » Oui, mon garçon, tu as fait du bon boulot, je peux encore te le dire aujourd’hui, où ces petits moments défilent dans ma tête !

Ce fût aussi cette drôle de demande faite par un bout de chou d'à peine cinq ans, après un travail qui lui avait forcément paru harassant, sûr de l'avoir mérité amplement :

-" Maman, je peux avoir une p'tite bière ?" Qui n'était autre qu'un peu de panaché partagé avec celle ci

Il y a ces départs en vacances, l’effervescence de la soirée, où personne ne pouvait trouver le sommeil, à les entendre, qui à peine avoir parcouru une trentaine de kilomètres, dormaient tous, entassés les uns sur les autres sur la banquette arrière.   Lorsqu’ayant roulé toute le nuit sur la route échauffée du soleil de la journée, nous arrivions trop tôt à destination, comme chaque année, et que leur mère et moi les emmenions sur le parking de la rue des voiliers, qui menait à la plage de l’école de voile, leur réveil, leur joie, leur explosion de vie que nous avions tant de peine à canaliser, pour ne pas gêner le voisinage endormi aux premières lueurs du jour.  Les voir courir su la plage déserte, comme une envolée de moineaux, était un vrai bonheur pour nous, parents heureux d’emmener leur progéniture sur la route de leur destin heureux.

C’est là que j’aimerais revenir, et nulle part ailleurs ! C’est là que ma vie a construit patiemment mon bonheur, près de ceux que je chéris de tout mon être encore aujourd’hui, pour les avoir tant espérés, tant désirés, tant protégés. 

J’ai su pourquoi j’avais eu droit à la vie, dès qu’ils ont ouvert la première fois leurs yeux, quel était le sens de mon destin, la raison de tous les combats que je devrais mener pour avancer, j’en suis fier et heureux !  De destin, je n’en veux pas d’autre, aussi grandiose puisse t’il être, aussi lumineux me soit il promis, s’il doit me convaincre de ne pas être ce père que j’ai tant aimé être !

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