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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 08:51

Les vies heureuses sont emplies, la majeure partie du temps, d’une ineffable monotonie, et ce n’est que dans les moments que nous pouvons partager avec des intrus à notre vie, que nous en décelons le véritable bonheur, comme s'il fallait leur présence pour nous le faire concevoir.

Un petit déjeuner sur la terrasse, aux premières lueurs du soleil de Juin, les pieds reposants sur la fraicheur du carrelage, les fragrances chaleureuses du café dans le grand bol vert ou jaune, juste à coté du bocal de confiture aux framboises, du beurre, des biscottes et du pain. Il fait si bon, à cet instant, de partager les sons de la vie, le chant des oiseaux, les premières joies bruyantes d’enfants au loin, mais aussi le cristal de l’air qui nous caresse, dont on peut se gorger, avec délectation.

Un début de soirée hivernale, lorsque le froid nous a reclus dans nos intérieurs, écroués dans nos capsules de survie entre nos quatre murs. La cheminée dévorant bruyamment le petit bois, dans un ronflement sauvage, annonciateur de lumière et de chaleur ; dans l’atmosphère flottent des parfums mélangées de cannelle, de chocolat fumant dans le mug, posée comme un trophée sur la table du salon. Les nuances sombres, se battent avec les rayons de lumière, tentent de les avaler, les engloutir. Et puis, il y a les notes de piano, langoureuses, paresseuses, envoutantes d’une chanson de Norah Jones, pour nous entrainer loin de nous-mêmes, aux tréfonds de souvenirs, dont nous ne sommes même pas sûrs qu’ils nous appartiennent, d’amour perdus, de baisers espérés, de caresses furtives et interdites.

Il y a ces minutes qui semblent en suspend, ces dimanches après midi, cette promenade interminable en famille, comme pour effacer les affronts d’un repas gargantuesque, lorsque les enfants, enfin libres d’agiter leur trop plein vital, courent dans tous les sens, et que pendant ce temps, nous parents, nous sentons autorisés à refaire le monde de quelques mots partagés. La forêt sent bon, et se laisse pénétrer avec candeur. Les cris, les rires, les aboiements se mêlent dans un opéra féérique, qui envahit l’espace, en rebondissant sous la frondaison verdoyante.

Le souffle est court mais régulier, chaque cellule de notre corps est en ébullition ; la course est enfin régulière, métronomique ; sous nos pieds enfin devenus agiles, défilent les mètres qui feront au bout du compte des kilomètres. On se sent invincible, inépuisable, prêt à arpenter en une matinée le monde entier. On ne coure plus, on vole, on lévite de plaisir, sur le bandeau jaunâtre de la piste, qui serpente entre les bosquets de chênes verts et les pins gorgés de résine odorante. Nous n’irons nulle part, sinon vers la joie de l’épuisement salvateur, qui d’ici quelques minutes appréhendera tout notre corps, mais à cet instant précis, nous relevons la tête, nous ouvrons grands nos yeux, emplissons nos poumons, et repoussons une fois de plus le moment où nous devrons admettre que nous n’en pouvons plus. Nous dégustons cette fierté intérieure d’avoir vaincu notre pire ennemi, tapis dans notre ombre permanente, celui dont les mots murmurés nous entravent et nous lient à notre incapacité, et quelquefois notre bassesse. Aujourd’hui nous serons des vainqueurs, même si les autres ne le savent pas !

Le bonheur se forge de mots simples : « Papy, je t’aime ! » accompagnés de cette petite main potelée qui vient se poser sur la joue fendue des marques d’un temps passé., Ces yeux bleus, limpides et francs, qui vous percent de franchise, et vous empêche définitivement de vous protéger de mensonges et de faux semblants, qui vous imposent un amour sans réserve, sans tricheries, sans maquillage.

C’est cette visite inattendue, de son enfant que l’on attendait pas, que l’on attendait plus, la valise à la main sur le pas de la porte, qui s’écroule de joie entre vos bras, sans pouvoir cet amour qui a mené ses pas jusqu’à vous, une nouvelle fois.

C’est la main chaleureuse qui vient accaparer la votre, sans prévenir, sans raison apparente ; celle de l’être sans prix, que vous chérissez depuis si longtemps qu’il semble incongru de lui offrir des mots d’amour. La peur alors disparait, celle d’être trompé, de s’être trompé, endormi, ankylosé ; on ne demandait pas grand-chose, mais on vient de gagner le gros lot, repoussant à demain ou un autre jour, le retour d’un doute qui grisaille nos pensées. On est heureux d’aimer.

Heureux donc est celui dont l’esprit en éveil capte toute la force et la puissance de l'ensemble de ces petits moments, qui, mis bout à bout, formeront la trame serrée du bonheur d’être en vie ! Nous n’avons qu’un travail, nous forcer à être aux aguets, chaque minute, pour ne pas les laisser filer, sans les avoir goulument dévorer, attachant maille après maille des minutes éphémères, et tricoter notre vie.

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 12:38

J’avoue, j’y retourne souvent

Au doux pays de mon « Avant »,

Que je sois vieux, que je sois grand,

Plus un enfant, juste un adolescent ;

Je croyais à toutes mes idées.

De tout savoir, j’étais persuadé ;

Mon cœur conjuguait l’éternité,

Pour un regard, pour un baiser !

 

J’avoue, j’y retourne toujours

Au doux pays de « Mon Amour »

Tendre caresse, toucher velours, 

Après ces mille et un détours ;

J’étais ardent, j’étais lumière,

Qui vous incendie, vous éclaire,

Brulerait l’enfer pour mieux vous plaire,

Passions dont j’ai su être fier !

 

J’avoue, j’y retourne encore

Au pays de « Mon corps »

Lorsque je me sentais si fort

Prêt à tous les efforts !

Je jouais avec mes inconsciences,

Y trouvais la puissance

De tuer mon enfance,

Sans faire repentance.

 

J’avoue, j’y retourne souvent,

Au doux pays de « Mon Avant »,

Où mon âme préparait le temps,

Celui qui est à mes Enfants !

 

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 10:58

Pourquoi, nous autres humains civilisés sommes nous irrésistiblement tentés de poser nos pieds au bord du précipice, de nous laisser aspirer par le vide qui nous effraye tant, lorsqu’il suffirait de rester à quelques pas pour apprécier la sécurité de sa vie ? C’est en quelques mots la question qu’aurait pu se poser en silence Julie.

Tout commença par un pull-over prêté, qui allait lentement et patiemment détricoter une vie au bonheur un peu trop ronronnant.

Julie vivait tranquillement auprès de son mari Pierre, connu depuis le lycée, pour ainsi dire son premier amour, si l’on exceptait les deux ou trois flirts qui avaient consumé son cœur lors de ses vacances d’adolescente, au camping de La Gautrelle, sur l’ile d’Oléron, où elle se rendait avec ses parents tous les mois d’Août. 

Ils s’étaient rencontrés à la sortie des cours, elle en seconde, lui en première S, et s’étaient aimés, pour ainsi dire dès le premier regard ! La suite avait été logique, ils avaient rapidement fait vie commune, après le bac, malgré les petites difficultés financières.

 Pierre avait tenté une licence en informatique, qui lui avait pris deux ans après le bac, puis un master en école privé, pendant trois ans. Ce fut donc grâce aux revenus de son travail de secrétaire dans une petite PME, qu’ils avaient réussi à vivre chichement dans un petit studio au centre de Nantes, rue de la Tour d’Auvergne.

Ils avaient eu deux enfants, une fille Amandine, l’ainée, et un garçon, Aurélien, qui avaient respectivement 17 et 14ans, deux beaux enfants en pleine santé, qui vivaient leur adolescence avec fougue et insolence, comme tous les jeunes de leur âge. Qu’ils étaient loin au fond de sa mémoire les bébés qu’elle chérissait et choyait !

Elle avait toujours nourrie en elle une profonde et véritable ambition de réussir professionnellement, un réel désir de reconnaissance sociale, qui furent contrecarrés par son manque d’études supérieures. Combien de sociétés où elle avait travaillé, tous ces secteurs  différents où elle s’était lancée, corps et âme, et qui ne l’avaient menée nulle part. Elle n’était jamais arrivée à faire reconnaître sa valeur ; pire même, elle quitta  nombre de place en claquant la porte, lorsqu’elle se rendit compte que l’employeur profitait largement de ses compétences et de sa détermination, sans qu’il y ait la moindre récompense ou aboutissement pour elle.

Ils avaient quitté Nantes treize ans auparavant pour acheter une maison et s’installer à une trentaine de kilomètres, dans une petite commune rurale. Ils avaient fait construire, d’année en année embelli et amélioré, tant l’intérieur que les extérieurs. Elle s’en faisait une fierté, surtout après les difficultés financières des premières années.

Elle avait tous les ingrédients nécessaires pour une vie douce et  heureuse, un bonheur tranquille.

Et puis, il y eut ce Vendredi soir un peu frais de Juin, ce pot au bureau entre collègues qui s’éternisa plus tard que prévu ! Julie, qui n’avait prévu qu’une rapide apparition juste en terminant sa journée de travail, fut absorbée par l’ambiance amicale et joyeuse. Elle passa la majeure partie de la soirée auprès de David,  son collègue responsable des stocks.

Ils avaient le même âge, tous les deux, et partageaient une agréable amitié et beaucoup de connivences ; elle aimait travailler avec lui, il était d’humeur constante, gai, et plein d’humour, n’avait ni méchanceté ni rancœur à l’égard de quiconque.

David avait connu la vie de couple à une époque de sa vie, mais après une rupture douloureuse, vivait un célibat fêtard assumé depuis plusieurs années.  Elle s’amusait à l’écouter raconter ses aléas de soirées, ses rencontres hasardeuses, ses nuits de fête aussi.

En fin de soirée, elle sentit la fraicheur tomber sur ses épaules nues, la parcourir d’un frisson, et tout naturellement David lui posa son sweat par dessus afin qu’elle ne prenne pas froid.

Elle ne le quitta qu’une fois rentrée chez elle, sans y porter plus d’attention.

Le lendemain, Pierre travaillait, elle se leva longtemps après son départ, et c’est lorsqu’elle désira s’assoir à la table de la cuisine pour prendre son petit déjeuner, qu’elle retrouva le sweat nonchalamment posé la veille sur l’un des dossiers de chaises.  

Elle  allait le plier et le mettre de coté afin de lui rendre dès le Lundi, mais elle fit instinctivement ce geste qui allait ébranler le cours de sa vie, elle le porta jusqu’à son visage, et en huma la douce fragrance qui s’en dégageait, mélange subtil d’eau de toilette et de senteurs corporelles de son propriétaire.

Pourquoi avoir fait cela ? Quelle idée lui avait traversé l’esprit ? Au moment où ses sens avaient ressenti l’aura olfactive de son collègue, elle avait perçu comme un petit picotement d’aiguille au creux de son être, une excitation étrange l’avait envahie, qui n’était jamais apparue auparavant, et qui venait de la troubler.

C’était une idée absurde, grotesque, dont elle ne décelait pas la raison profonde ; elle ressentait d’ailleurs une certaine gêne de s’être laissée aller à ce geste incongrue, de la gêne mais aussi une part d’émoi qui la transcendait.

Pendant le weekend qui s’ensuivit, un peu honteuse  et en cachette, contre toute logique, elle refit le même geste deux ou trois fois,  alors qu’elle luttait contre l’idée qui lui paraissait saugrenue, mais au plus profond de son corps, elle aspirait à ressentir une nouvelle fois cette émotion qu’elle n’avait pu contenir la première fois et qui avait submergé tout son être dans un voile sensuel. Ce fut le cas à chaque tentative, émoustillant ses sens un peu plus chaque fois.

Cela ne s’arrêta pas là, malheureusement; avec Pierre, son mari, ils firent  l’amour, et elle fut transportée par un orgasme intense, comme elle n’avait pas eu depuis bien longtemps, incompressible, irréductible, anéantissant, épanouissant, mais elle l’eut en pensant à David, au souvenir de son parfum qui hantait sa mémoire.

Elle n’eut d’autre choix que de supporter cette situation en silence, en secret ; elle ne pouvait en parler, ni à l’un ni à l’autre, et s’en trouvait malheureuse, parce qu’irresponsable de cette situation qu’elle jugeait grotesque, mais dont elle ne savait s’extraire.

Au fil des jours, puis des semaines qui passèrent, elle entama un jeu de séduction plus ou moins sous entendu avec son collègue, qui se laissa gentiment bercé par ce qu’elle mit en place. Elle ne pouvait y résister, et pourtant dans son for intérieur, elle savait combien elle se mettait toute seule en danger, intellectuellement, et sans aucune raison valable.

Quelques temps plus tard, elle s’ouvrit une adresse MSN ; peu à peu, elle passa du temps sur son ordinateur, à chatter. Pendant que Pierre était tout occupé de son coté avec sa charge de trésorier du club de football où il jouait ou bien lorsqu’il jouait avec leur fils à la play-station, elle s’extrayait quelques minutes de plus de l’univers familial en discutant avec les internautes, et quelques fois avec David.

Les discussions étaient pleines d’humour, toujours un peu sur le fil du rasoir, emplies de sous entendus,  tout en non-dits de sa part, pleines d’émotions tues, invisibles, vu que David ne semblait pas y réagir spécialement.

Si cette aparté était honteuse et humiliante par certains cotés, c’est aussi ce qui la rendait excitante ; elle foulait tous les principes qu’elle mettait en exergue, ceux qui l’avaient construite et maintenue droite et fière jusqu’à cette époque, mais cette pensée offusquante n’enrayait en rien son désir inassouvi.

D’autres semaines passèrent sur le même rythme, dans la même confusion intellectuelle à laquelle elle s’abandonnait. Elle ne faisait guère attention aux apparences, ni chez elle, ni dans l’entreprise. David même lui en avait plusieurs fois fait la remarque gentiment, avec prévenance, mais elle n’en avait rien entendu.  Peu importait ce que pouvait penser les autres, elle ne faisait rien de mal, du moins s’imposait elle à le penser.

Que pouvaient ils y comprendre, les autres, mieux qu’elle, qui se voyait parfaitement incapable de donner les vrais raisons de ce délire envahissant ? D’où était il né dans son esprit ? Parce qu’elle frôlait les quarante ans, et qu’elle sentait son charme et sa fraicheur s’éteindre doucement, cette joie de voir dans le regard de l’autre la lumière que l’on y a allumée ?

Elle ne demandait qu’à plaire, juste plaire, séduire, jouer d’un regard, d’une étincelle, appréhender avec peur cet inconnu qui nous tente tous. 

Cette folie qui l’avait submergée provenait elle de ses rapports de moins en en moins fusionnels avec ses enfants, jeunes adolescents qui semblaient déjà ne plus avoir de place pour elle dans leur vie naissante ? Comme tant d’autres mères, elle leur avait consacré sa vie, son temps, son énergie, et à peine avaient ils quelques poils qui poussaient qu’ils la rangeaient au placard, au rayon utilitaire. Quelle terrible ingratitude ! Mais c’était aussi au fond de son âme meurtrie comme la cloche du dernier tour sur la piste d’athlétisme.  Ou bien était-ce cette vie professionnelle sans incandescence, si plate et insipide qui avait fini par la terrasser, anéantir sa joie de vivre naturelle ?

Oh, et puis zut !  Fallait-il une raison valable pour vivre quelques instants de folie, au milieu de cet océan de certitudes qui nous engloutit tous ? D’ailleurs, peut-on être heureux par désespoir ou avec ennui ?

Non, elle ne connaissait pas la réponse ! Non, elle n’avait pas la solution ou les moyens d’échapper à sa lubie ; elle en était totalement prisonnière, même si c’était bien elle qui s’y était enfermée.

Il lui arrivait certaines nuits de s’en trouver réveillée, d’en rêver éveillée, de sentir le désir puis un plaisir fantasmatique inonder son esprit et jusqu’à son corps. Elle avait, dans le même temps, retrouvé cette joie intérieure de se préparer le matin, rechercher la tenue qui la mettrait le plus en valeur, rehausser ses atouts, masquer les petits défauts au travers d’un maquillage savamment posé.

Elle exultait lorsqu’elle recevait un compliment qui récompensait tout son travail. Elle était redevenue une jeune femme, La Jeune Femme qui dormait depuis si longtemps au fond de son être, et cette sensation était délicieuse à consommer !  Bien sûr que c’était une chimère, bien entendu elle ne se voilait pas la face, elle n’avait plus vingt ans, elle n’était pas devenue une petite écervelée, mais juste et simplement une femme, une belle femme, et non plus définitivement  une mère, une ménagère qui tient bien et propre son intérieur, non, un corps qui vibre, un regard qui appelle, flirte, taquine, charme.

Ce comportement attira forcément l’attention de Pierre, qui commença par en prendre ombrage en silence, se contentant de regards en biais, lorsqu’elle passait du temps devant son ordi portable, dans la chambre, suivis de petites piques, de questions pas si anodines que cela. Puis inévitablement les heurts commencèrent; il était suspicieux, agacé, jaloux, il n’avait pas pu ne pas remarquer le changement qui s’était opéré en elle.

Il lui demanda de cesser de suite cette correspondance qu’il trouvait parfaitement déplacée ; il l’exigea ! Elle fut outrée qu’il ait aussi peu confiance en elle, mais aussi humiliée qu’il ait autant raison de douter d’elle.

Elle tenta de mettre un terme au chambardement, pendant quelques jours, du moins lorsqu’elle était à la maison, afin d’avoir la paix dans son foyer, mais cela ne faisait qu’exacerber son envie ; elle se sentait frustrée,  accro comme une toxicomane en attente de sa dose, bien qu’il ne se soit jamais rien passé entre elle et David, sinon ce simple jeu de séduction platonique. Elle carburait à l’émotion, celle-là même qui lui faisait une boule au ventre, qui inondait son esprit dès qu’elle se levait le matin, chaque jour de semaine. Elle attendait l’heure d’aller travailler avec impatience ;  au sein de l’entreprise, elle trouvait toutes les raisons pour rendre visite à David dans son bureau du magasin, durant la journée, faisant fi des « quand dira t’on ».

Ses soirées en famille finirent par lui paraître pesantes, ennuyeuses, ce qui se reportait sur son caractère : elle devint plus facilement irritable ; elle n’avait aucune patience, avec Pierre comme avec ses enfants.

 Tout cela pour un simple fantasme ! pensait-elle lorsqu’elle analysait un peu plus froidement la situation, lorsqu’elle arrivait à prendre du recul. Malgré cette analyse, elle restait incapable de changer, comme mue par une force inconnue et extérieure qui la menait, telle une marionnette, vers le bord d’un précipice dont elle ne voyait pas le fond.

Pierre en arriva à une jalousie maladive, qui lui occasionnait de nombreux accès de colère, et plus rien n’y faisait ; Julie avait beau battre en retrait, il en demandait toujours plus.  Elle ne  s’en  ressentait que plus prisonnière dans son propre foyer, ce qui semblait exacerber de plus bel ses désirs interdits.

Cette fois et pour la première fois, elle se sentait malheureuse chez elle, au sein de son couple, en son for intérieur, et plus rien ne semblait pouvoir l’en guérir. Elle ne savait qui blâmer de cette souffrance, elle avait pourtant besoin de reporter sa colère, quand bien même force lui était de reconnaitre que si quelqu’un devait être porté responsable c’était avant tout  et en tout premier lieu elle !

 

-« Allo, Pierre ? C’est Julie. »

-« Je t’ai reconnue. Qu’y at’il pour que tu m’appelles ce soir ? »

-« Rien de grave, j’ai parlé aux enfants de les emmener à Euro-Disney, le weekend prochain ; je voulais juste te mettre au courant. »

-«  C’est ton weekend, tu fais ce que tu veux avec eux !  Non ? »

-«  Je ne cherche pas la bagarre Pierre, je tenais à ce que tu sois prévenu, je trouve cela plus convenable, c’est tout. »

-«  Bon, ben je suis prévenu, c’est fait, autre chose ? »

-«  euh …. Non rien, salut. » Le ton sec et cassant de son ex mari venait de la réfrigérer, de la statuer sur place. Depuis leur séparation, ils n’avaient jamais trouvé le moyen d’apaiser leurs rapports, de les rendre au moins cordiaux, faute d’amicaux.

Voilà déjà trois ans qu’ils s’étaient séparés, que Julie avait décidé de quitter le foyer, la mort dans l’âme, usée par les disputes incessantes, qui lui minaient le cœur.

Leur couple n’avait pas su rebondir, dépasser le problème ; elle, de son coté, n’avait pas su prendre les décisions strictes qui auraient calmé la jalousie de son mari, lui s’était cloitré dans une position inflexible, autocratique, pleine d’inconséquence.  

Le pire dans cette histoire pour le moins rocambolesque, c’est qu’elle n’eût même jamais la moindre aventure ou liaison, ni le moindre rendez vous intime avec l’être de son fantasme, David, lequel, par amitié pour elle, refusant de lui laisser faire une bêtise irréparable et gâcher ce qu’ils partageaient tous les deux, selon ses mots.

Toute sa vie s’était écroulée comme un simple château de cartes balayé par un courant d’air, et cela pour quoi ? Pour le désir incontrôlé et incontrôlable de se sentir vivante, encore jeune, belle et attrayante. Oui, c’est cela se sentir Vivante ! Au bout du compte, elle n’en demandait pas plus, et on le lui avait reproché, cruellement reproché, sans tenir le moins du monde compte de toutes ces années qu’elle avait accepté de sacrifier en silence, pour le bien des autres, pour Pierre et la réussite dans ses études et son métier, pour la réussite de ses enfants, pour qui elle se battait bec et ongles afin qu’ils bénéficient de toutes les chances dès leurs premiers pas.

Son souhait silencieux avait été puni sévèrement, elle s’était senti lapidé à coups de mots,  de reproches, de regards furieux. On ne lui avait pas donné le moindre moyen d’extérioriser son désarroi, condamnée par défaut.

Ses enfants l’avaient boudée un moment, et puis les liens s’étaient retissés naturellement, et ils partageaient de vrais bons moments, peut être plus que lorsqu’ils vivaient ensemble.

Elle avait quitté son emploi, au bout de quelques mois, pour des raisons évidentes de malaise, avait réussi à obtenir le job dont elle n’osait rêver, par le plus pur des hasards : elle était devenue négociatrice immobilière, simplement en cherchant à se loger. Elle avait de suite sympathisé avec le patron de l’agence, lequel, n’étant pas insensible à son charme, lui avait « déroulé le tapis rouge », après quelques rendez vous aimables.

On lui reconnaissait ses compétences, de toute manière cela se remarquait dans ses revenus particulièrement attractifs, elle n’avait pas son pareil pour traiter et signer une affaire, elle subjuguait les clients.

Elle avait su profiter d’une magnifique aubaine pour faire l’acquisition d’un grand appartement, dernièrement, en périphérie de Nantes, dans un secteur calme et résidentiel, où elle pouvait dignement recevoir ses enfants, lorsqu’ils le désiraient. Cela n’avait pas été  vraiment du goût de Pierre, qui nourrissait sa rancœur de l’espoir qu’elle ne se relèverait jamais de la rupture dont il voulait lui faire payer le prix fort.

Elle se refusait à partager de nouveau la vie de quelqu’un, d’abord parce qu’elle se consacrait énormément à son travail, et puis, la situation d’amant et de maîtresse lui plaisait bien ; Henri son boss, l’invitait très souvent à sortir avec lui, divorcé lui-même, pour la seconde fois. Ils avaient partagé des moments d’intimités, sans que cela ne prenne plus d’importance ; il restait prévenant avec elle, charmeur, et surtout il n’agissait pas avec elle comme en terrain conquis, ce qu’elle n’était pas, et ne serait jamais !

 

Tout cela venait de lui revenir à l’esprit, parce qu’elle venait ce matin, décidée à ranger un peu toutes ces affaires qui restaient encore dans des cartons et des valises, de retrouver dans une des valises ce sweat-shirt, le fameux sweat-shirt de David, celui qui l’avait précipitée dans les abymes de son inconscient, pour l’amener où elle était aujourd’hui.

Un sourire se dessina subrepticement sur ses lèvres, en retrouvant toutes ses émotions qui venaient de défiler en elle. Ce pull était il damné ou bien la plume d’un ange venu lui caresser le visage ? Devait-elle le mettre au feu, sans plus attendre, ou le garder en souvenir, comme la clé qui avait ouvert la porte d’une nouvelle vie ?

Elle décida de le garder, car malgré tous ces terribles instants par lesquels elle avait du passer,  c’est dans un autre bonheur qu’il l’avait emmené, et de cela elle lui en était reconnaissante à jamais !

La vie est comme un ouvrage que l’on tricote et chacun de nos jours est une maille, le motif n’est connu qu’une fois que l’ouvrage est terminé

 

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13 février 2013 3 13 /02 /février /2013 10:58

La nuit ne s’est pas encore enfuie que le sommeil m’a déjà quitté. A pas feutrés, je quitte le lit et la chambre, en referme doucement la porte afin de ne surtout pas déranger l’ange qui accompagne mes absences nocturnes, lorsque les yeux fermés, je quitte ce monde pour en inventer de nouveaux.

Dans le salon, tout empreint  de silence et des relents du feu de cheminée de la veille, le chat se lève et s’étire en me voyant, tout heureux que pour lui la journée commence enfin. Il fait frais, bien plus frais que sous la couette, et je frissonne.

Je me dirige vers la cuisine, l’eau chauffe dans la bouilloire, le café soluble exhale son parfum doré dans toute la pièce. Le chat m’a suivi et se restaure en grignotant ses croquettes dans sa mangeoire, près de moi. 

Cette fois, c’est certain, la journée est bel et bien commencée, le café diffuse ses fragrances au milieu des volutes de vapeur qui montent de la tasse. Quel doux parfum familier dont je ne me lasserai jamais. Il complète parfaitement ce moment silencieux où la vie se cherche, se découvre à tâtons.

Aujourd’hui, pas besoin de se presser, de s’activer dans un duel contre les aiguilles de la pendule, c’est un jour de repos que j’entame avec douceur.

En rejoignant le salon, d’un regard jeté à la hâte, il me semble apercevoir quelques pointes d’incandescence au milieu des cendres. Je pose le café sur la table basse, et armé du tison, je fouille avec douceur les restes du feu d’hier. J’avais donc bien vu, plusieurs braises brillent encore  au milieu du tas de poudre grise accumulé par les flammes qui ont dévoré le bois.

Quelques petits morceaux de cagette, un peu de petit bois par-dessus, je souffle doucement pour éviter de faire voler les cendres,  la fumée monte, s’amplifie, annonce une prochaine flamme, une chaleur qui viendra dans quelques instants envahir toute la pièce, au milieu des senteurs de bois brulé.

Une fois le feu assurément pris, je retourne m’assoir dans le canapé au cuir froid, devant ma tasse de café qui m’attend et m’appelle. Le chat a fini de se restaurer, il est en quête d’un câlin, d’une caresse, il se frotte le long de mon bras, m’appelle du regard, m’interroge. Il me suffit d’écarter légèrement les bras pour qu’il investisse mes genoux, s’y love et ronronne à chaque caresse. Repus de  messages d’amour, il saute au sol et va jusqu’à la porte fenêtre, s’assoie devant, puis tourne la tête et me jette un regard dont je connais le sens par cœur : C’est l’heure ! Laisse moi retrouver ma liberté jusqu’à la prochaine nuit !

Voilà, je suis avec moi-même, mes pensées qui défilent, mes rêves qui s’étirent, assis de nouveau devant mon café.

J’aime devancer l’aube, ces toutes dernières heures de noir avant les  premières de vie. Il est cinq heures, peut être six, et pour moi la journée peut battre son plein.

Je profite d’avoir du temps, d’avoir le temps, pour laisser mes neurones et synapses folâtrer au gré des idées qui passent : un souvenir farouche vient  ouvrir mes connexions, à peine est il arrivé qu’il se voit chassé par un espoir né dans la seconde, éphémère flash qui me catapulte dans un avenir que je n’aurais peut être jamais.

C’est le moment où je me pose pour revoir avec plaisir, puisque j’en ai l’espace, le parcours qui m’a amené jusque dans ce salon ce matin.

En ais je pris des impasses, des culs de sac où j’ai laissé tant d’énergie, tant de fantasmes, nourris par ma jeunesse et mon insouciance !  Je me suis imaginé tour à tour chanteur et star, prophète ou philosophe, chef d’entreprise, magnat adulé, écrivain célèbre et convoité. J’ai cru sincèrement à tous ces rêves, jusqu’à me perdre à les suivre, tomber puis me relever, retomber dans une autre folie pour me relever de nouveau.

J’avançais sur la route de mon existence, persuadé d’en avoir les commandes, et pourtant, il y a trente ans,  je n’aurais jamais pu croire quelqu’un m’annonçant que ma vie se ferait avec bonheur dans une petite bourgade au bord de l’océan, bercée par les parfums de la forêt de pins, qui nous sert de remparts contre les tempêtes automnales, et l’air iodé baigné d’embruns maritimes, loin des tumultes de la capitale et la grisaille de ses banlieues.  

Jamais je n’aurais imaginé le bonheur que j’ai reçu et dévoré d’être père de quatre enfants, le mari amoureux et attentionné de leur mère, sans qui je ne sais même plus respirer normalement.

La vie m’a donné les échecs que je méritais, pour mieux me récompenser ensuite ;  je ne peux dire si j’en ai appris quelque chose ; au moins sais je ne pas passer à coté des instants de joie, de douceur, les petites parcelles de paradis que nous recevons si nous acceptons de nous éveiller à ce qui nous entoure.

Vous tous qui n’en êtes qu’aux prémices de votre vie, sachez garder en mémoire que c’est la vie qui nous fait et non le contraire. Va-t-elle dans le même sens que celui auquel vous aspirez, alors Tant mieux, mais demain, après demain, elle peut en décider tout autrement, et aujourd’hui vous n’en savez rien. Ce qui parait tant manqué à cet instant précis, n’aura peut être plus aucune valeur  ni importance dans une semaine. Ne vous attachez à rien d’autre que votre désir de vivre, c’est la seule constante que vous maîtrisiez, croyez moi.

Voilà, le jour est enfin sorti de sa cachette, pour se projeter  derrière l’horizon, manger la noirceur du ciel, aspirer les centaines d’étoiles, réunir leurs petites étincelles pour en faire un soleil rayonnant. Encore un pas vers l’inconnu dans cette journée qui n’en ai qu’à ses débuts.

Le feu crépite dans l’âtre, ma tasse est vide et j’ai toute la vie d’aujourd’hui devant moi ! Pour demain, on verra !

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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 19:36

En premier lieu, on en rigole, on fait le fanfaron, on va même la narguer, de temps en temps, parce qu’il est inconcevable que les autres puissent voir que vous en avez peur.  Vous êtes, nous sommes des hommes, des vrais, des purs, et les hommes ça vous fait des héros à planter dans n’importe quelle terre ! Non Mais !

On a vingt ans, on en a trente, on a donc des milliards de secondes sur notre compte perso, on peut bien s’amuser à se risquer la peau !

Puis le temps sans un mot commence à vous flouer ; il vous bluffe, il vous trompe, vous roule dans la farine, fait mine de vous attendre, alors qu’il s’échappe !

Vous vous pensiez pareils qu’il y a quelques années, mais l’angoisse est venue, en même temps que les kilos, vous titiller la panse, bouffer votre sommeil, avec toutes ses questions qu’elle vous force à poser.

Vous n’êtes plus un enfant, la preuve vous en avez ! Et eux n’ont peur de rien, quand vous vous inquiétez !

Cette fois, vous l’avez vu ce « putain de temps » se barrer, vous lui courez après, vu qu’il vous a tout fauché !  Mais voilà, avec vos cinquante ans, le cent mètres c’est rapé, le bide dans les talons, sans pouvoir respirer, vous ouvrez grand la bouche pour chercher un peu de vie, celle que vous avez laissé filer.

C’est alors qu’elle vient vous draguer ! Elle commence par venir frapper, pas chez vous, non pas à votre porte, ce serait trop facile, mais à celle d’un ami, un proche, un que vous aimez, et lorsqu’elle  l’a emballé, vous n’avez plus que vos yeux pour pleurer.

C’est à ce moment là que vous connaissez la trouille, que vous vous rappelez toutes ses secondes perdues, ce temps de l’insouciance.  Vos enfants eux le goûtent, et vous voudriez leur dire de l’économiser, mais serait ce le temps de l’insouciance si l’on écoutait les anciens ?

La mort s’est installée, colocataire dans votre vie, elle ne paye pas le loyer, elle est exubérante, parfois elle est d’une injustice à vous faire chialer, mais tant qu’elle ne couche pas dans votre lit, vous jouez la bonne entente ; mieux vaut ne pas l’énerver !

Voilà, ça fait trente ans qu’elle vous casse les pieds, qu’elle vous fait des scènes, le chantage qu’elle va tout vous piquer !

Elle commence à bien faire, elle n’a qu’à y aller ! Qu’elle donne le coup de grâce, qu’elle jette le dix de der, parce que vous, vous vous en foutez !

Au lieu de cela, de toute sa perversité, elle vous laisse dans votre jus, et vous fait mijoter.  Le temps revient fricoter avec elle, histoire de vous narguer, ne fait plus son travail et refuse d’avancer.  

Elle s’est tapé tous ceux que vous aimiez, et vous a laissé seul à bouffer ses secondes qui paraissent des heures. Par pure cruauté, elle vous emmène tous les jours au cimetière vous promener, des fois qu’Alzheimer vous ferait l’oublier.  Elle n’a pas de pitié, vous repousse sans cesse, pendant que le temps vous rabougrit, vous absorbe la sève, dans la plus totale indifférence, parce que les autres ont bien d’autres choses et surtout leur vie à penser.

Vos enfants ont quarante ans, ils ne sont plus des enfants, la preuve ils en ont, et ces petits enfants n’ont peur de rien, ils ont le temps pour eux, des milliards de seconde………

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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 12:05

J’écoute la voix lancinante et pénétrante de Norah, Jones  bien entendu, qui me transporte depuis une poignée de minutes, sur les routes de mes rêves éveillés, ceux que je fais, lorsque rien ne me retient à des taches plus sérieuses. Entre piano et guitare qui me servent de GPS mental, j’offre à mon esprit lassé d’une journée sans attrait le droit de s’évader, de partir à l’aventure.

Chante Norah, chante, tu me transportes joyeusement dans cette auto imaginaire, au milieu des brises estivales qui font danser les champs de blés, habillés de lumière, tout autour de la route qui sinue comme pour mieux se perdre. Les fenêtres sont grandes ouvertes et l’air pénètre avec force, gonflant nos poumons, chahutant tes longs cheveux noirs, les coiffant en bataille, tu ries et je te regarde avec douceur et envie,  vautrée sur la banquette arrière que tu occupes seule avec ton instrument ; tu reprends de tes doigts fins et agiles, quelques accords de guitare langoureux, lesquels font briller de plus bel mon soleil imaginaire, dessinant sur le bitume surchauffé des flaques d’eau prêtes à disparaitre dès que l’on s’approche.

Nous roulons sur ta musique, sans but, sans arrivée, sans fin, juste rouler, avancer au milieu d’un après midi d’été, dans une campagne reposée et reposante. La route derrière un virage aux cotés verdoyants,  s’engage sous la voute de platanes immenses qui drainent la lumière en un gigantesque kaléidoscope qui s’étale sous nos roues à même le sol. Je sens la caresse de la fraicheur de l’ombre de nos séculaires protecteurs, et je ferme les yeux pour mieux m’en imprégner. Du coup ta musique  s’insinue plus profondément en moi, je t’entends siffler et me souviens de cette chanson : Little Room !

Joue Norah Joue, et ne t’arrête pas ! Nous venons de stopper notre automobile, juste derrière un pont de pierres moussues, sous les frondaisons protectrices, juste en dessous, à quelques mètres en contrebas, c’est un ruisseau à l’eau limpide qui chante lui aussi, en dévalant joyeusement sur les galets, contre et entre les rochers. « Descendons ! » Me dis tu avec cet accent qui me tinte aux oreilles d’un souvenir de jeunesse, en sortant de la voiture ;  « Allons goûter cette eau, voyons si elle est fraiche ! » Tu as mise ta guitare sur ton épaule, tu ries, et c’est magnifique de te voir et t’entendre si heureuse. Nous posons chacun de nos pas avec précaution sur les rochers qui nous servent de marche. Je suis passé devant et te sers de chevalier servant. Je te tiens par une main, de peur que tu ne choies, de peur de briser ce moment  magique où nous sommes ensemble uniquement pour goûter le bonheur d’être.

Nous voici arrivés au bord de l’eau limpide, tu t’évades de tes ballerines, te voilà pieds nus,que tu poses au milieu du cristal liquide, avec lenteur et délectation.

« Come on ! come on Will, my friend ! It’s so sweet ! » Ta main est tendue vers moi, m’invitant à te rejoindre avec ou sans chaussures, alors je m’exécute, on ne refuse rien à Norah Jones, à son rire magique, son regard amusé et charmeur de petite fille trop sure d’elle !

Comme cette fraicheur est divine,  envoutante, je n’ose plus bouger un orteil, de peur de détruire le charme. Les branches au dessus de nous dansent sous le vent, un ballet étrangement perpétuel, le vert de chaque feuille brille de la lumière qui tente de les traverser.

J’entends ta musique Norah, qui doit venir des fenêtres ouvertes de notre voiture abandonnée au dessus, près du pont de pierres, encageant la petite route de campagne, ta musique qui s’échappe  et nous maintient au creux de ce moment de féérie.

Et puis d’un seul coup, alors que tes doigts effleurent encore les cordes de la guitare, tu te tournes vers moi, poses un doigt sur tes lèvres, qui l’embrassent puis d’un geste merveilleusement doux, viens le poser sur ma bouche !

«  Good Bye Honey, I have to leave and leave you » tu remontes comme portée par l’air, vers la route et la voiture, et lorsqu’enfin, je pense t’avoir rejointe, tu as disparue. Seul le son de ta voix qui me parvient de partout et de nulle part me rappelle que tu étais là, il y a quelques secondes.

« What am I to you
Tell me darling true
To me you are the sea
Fast as you can be
And deep the shade of blue

When you're feeling low
To whom else do you go
See I cry if you hurt
I'd giv ...”

 

Et puis la musique s’éteint, s’étouffe, disparait, me reconduisant à ce bureau que je n’ai jamais quitté.

“ Good Bye Norah, thanks, for this musical dream”

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 11:57

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La feuille virtuelle est d’un blanc immaculé, comme la toile sur son chevalet. Dans l’ambiance sombre de mon petit bureau, alors que le village dort encore, que la nuit s’imagine avoir définitivement vaincu la lumière disparue il y a si longtemps, lorsque le sommeil m’a fui comme si j’étais un pestiféré, j’allume une bougie, puis un bâton d’encens,  dont les volutes draperont mon âme pendant quelques minutes.

 

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C’est dans cet univers qui m’est si familier que d’un seul coup, je sens jaillir de chacun des mes neurones exacerbés une gigantesque émotion, celle là même que je rêve de t’offrir, t’avouer, te dépeindre. Sous la tortue lampe, au dessus de mon clavier, vestige Feng shui d’une autre mystique dans la quelle je suis tombé, qui déverse une lumière bleutée et tamisée sur mon bureau, mes doigts s’approchent fébrilement des touches.

J’ai une fantastique envie de pleurer, de rire ou encore de crier ; des souvenirs me kidnappent, des fantasmes m’assaillent, des rêves me transportent, et voilà que d’un mot, qui me sert de clé, je sens la porte de mon grenier à vérité s’ouvrir. Un mot, qui en appelle un autre, c’est le début d’un aveu que je te fais, je n’aime pas écrire, j’aime me livrer, nu, sans limite, sans peur. Les mots viennent en quelques touches choisies de se lier en phrases, dans laquelle je te fais pénétrer au plus profond de moi, de cet être éthéré que tant d’autres s’ingénient à cacher derrière des masques et des mensonges.

J’imagine non sans une certaine délectation que tu te partages entre la curiosité instinctive de savoir ce que je suis réellement, et la peur maladive de l’agression de mon exhibitionnisme spirituel. Peut être un peu peur de te retrouver, fragile comme je parais l’être, dans une pulsion sentimentale qui porte les larmes aux yeux ou fait grincer des dents.

J’ai trempé mon pinceau, mélangé les couleurs de tous mes sentiments, en petites touches fines, j’ai décrit le spectacle hallucinant  que je venais de voir ou encore d’inventer, pour te faire venir à moi, t’approcher sans éveiller tes craintes, faire tomber les remparts que tu avais construits, tout autour de ton âme, pour que nul ne puisse te toucher, et là, alors que ma bouche virtuelle s’est enfin assez approchée, dans un délicieux murmure, que je voudrais enchanté, je te fais le cadeau de mon plus bel aveu, de mon superbe émoi :

Je t’aime de tous mes mots, c’est là ma vérité !

Je t’imagine alors te rendormant doucement, jusqu’aux lueurs du jour, sous les frondaisons réconfortantes de ta couette, la tête dans les dunes de ton  oreiller, je m’étais insinué dans un tes rêves, et ce prochain matin, tu m’auras oublié !

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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 12:19

Message s’adressant à tous ceux qui le cherchent désespérément, qui le poursuivent assidument, qui pensent avoir été spoliés de leur part, oubliés des dieux dès le départ, à ceux qui pensent pouvoir en faire des statistiques, un diagramme, une évaluation quantitative ou bien qualitative :

Le bonheur est si souvent où nous oublions de regarder, en nous et autour de nous, il arrive lorsque nous sommes préoccupés, et nous le laissons passer.

Le bonheur commence par la douceur d’une main caressant la petite tête du bébé qui dort dans ses bras, le regard maternel plein d’amour qui dit à cette mignardise d’homme ou de femme, dort et ne t’in quiète pas, je serais toujours là pour toi !

Le bonheur c’est ensuite cette explosion de joie, sous les lumières clignotantes qui habillent le sapin de joie étincelante, au milieu du parfum résineux des branches qui ploient sous les décorations qui nous font oublier la tristesse des soirées d’hiver, lorsque le soleil a perdu le combat contre les ténèbres et le froid.

Le bonheur vient ensuite des premiers bons souvenirs de vacances, de ces châteaux de sables dont nous étions si fiers, de ces après midi ensablés passés à mélanger baignades et jeux de plage. Ce sont aussi ces premières soirées autorisées au delà du coucher du soleil, où l’on se prend à rêver que l’on est déjà grand !

Le bonheur c’est ensuite ces doux yeux qui croisent les vôtres et vous invitent à penser qu’ils ne voient plus que vous ! Ils vous font oublier les premiers stigmates de l’âge qui vous enlaidissent au passage de la puberté ; ils font vibrer votre âme, exacerbe vos peurs, et vous donnent le droit à toutes les audaces, C’est le premier baiser, qui vous tatoue les lèvres du sceau du grand amour !

Le bonheur passe un jour par cette intimité qui vous est offerte, ce corps jusque là interdit qui vous invite à demi mots à venir le goûter, à s’unir dans une frénésie que vous n’oublierez plus jamais. On s’imagine adulte, on s’imagine armé, on défie le destin, maintenant que l’on "Sait avec un grand A" !

Le bonheur plus tard prend la forme de celui ou celle qui osera prendre votre main, et vous offrira, comme sublime présent, à l’inverse des autres, un futur à construire, dans une promesse énoncée devant le monde, « pour le meilleur et pour le pire ! »

Alors la roue repartira pour un tour, et le bonheur s’habillera de joie, de caresser cette petite tête aux yeux clos et au sommeil profond, à qui l’on murmure en cachette : dors mon enfant, dors, je serai toujours là pour toi!

Le bonheur prendra sa place, lorsque le petit bonhomme, le petit bout de femme, du haut de ses quatre ou cinq ans, viendra vous prendre le visage pour y coller le sien et vous dire  sans vergogne : «  je t’aime très beaucoup ! »  Les larmes de joie qui couleront à ce moment là ont un goût inoubliable !

Le bonheur sortira de sa tanière lorsque cet ami perdu depuis des lustres, à qui l’on avait tout donné, tout avoué, tout pardonné, surgira du passé pour ensoleiller votre présent, juste comme cela par magie.

Le bonheur viendra aussi au fil du temps, de ce double de vous, celui ou celle qui a gardé pendant toutes ces années, au milieu des combats, lors de chaque défaite, votre main dans la sienne, qui a séché tous vos chagrins et nourrit vos fou-rires, donné à vos maisons de la vie et une âme, qui, le visage habillé des ornements du temps vous forcera à comprendre une fois de plus que l’amour se moque bien du fard dont on peut se grimer, et qu’il est l’être de lumière au milieu de vos ténèbres !

 

Le bonheur est ainsi, dans des millions de secondes, il ne demande qu’à être ressenti, goûté et apprécié, sans avoir à courir ! Le bonheur c’est penser, imaginer savoir qu’en ce moment tu es avec moi, grâce à ces quelques mots que j’ai couchés pour toi, et que nous aurons encore bien des secondes à partager !

Je suis si heureux que tu sois là !

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 14:24

Je suis en train d’imaginer le sourire mêlé de gène qui s’installe sur tes lèvres, parce que nous sommes là, tous les deux, face à face, nos visages séparés par aussi peu d’espace. Je te fixe, te détaille, hypnotise ta peur, promène mon regard sur chacun de tes traits, absorbant au passage l’éther de ton être. La pièce baigne dans une ambiance romantique et tamisée, aucune agression lumineuse ne nous atteint ; il y a ces tonalités jazzéiformes qui se répandent en murmures autour de nous, notes d’un piano magique que fait tressaillir le virtuose. Pour l’occasion, nous écoutons l’album de Jacky Terrasson, Smile, et il nous porte au dessus de nos corps, comme si nous étions devenus tous les deux des êtres de vapeur. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas retrouvés, et nous voici là ce soir, sur ce canapé l’un en face de l’autre, dans un moment ou chaque seconde fait retentir le tonnerre dans nos corps.

              Tu baisses les yeux face aux miens, tes lèvres qui aspirent mon attention,  tremblent imperceptiblement, le sourire semble hésiter à s’installer, puis tu reviens du regard te perdre dans le mien.

-« Arrête ! » dis tu d’une voix inquiète et pleine d’émotion

-«  Arrête quoi ? »

-« De me fixer comme cela, cela me fait drôle ! »

-« Mais je ne peux pas, il y a quelque chose en toi qui m’aimante et m’accapare. Tu es belle, si belle ! J’ai envie d’absorber toute cette beauté ! »

-«  Pffff, allez arrête maintenant s’il te plait ! » ta main est montée doucement jusqu’à hauteur de mon visage, ton index s’est posé délicatement sur ma joue, presque à toucher la commissure de mes lèvres, puis avec fragilité tu as tenté de me faire tourner le visage, et m’empêcher de noyer mon regard dans le tien.

Le contact de nos peaux a provoqué un ouragan dans mon esprit, et je pressens qu’il en est de même pour toi.

Tu  ne fais plus confiance à ton aura attractive, tu crois avoir perdu la beauté avec ta jeunesse, alors que tu n’as fait qu’y ajouter, au fil des années, une voluptueuse féminité qui donne à cet instant l’incandescence de la lave dans mes veines, et peut être dans les tiennes.

Je suis au paroxysme de mes sensations, je te perçois en moi, comme si nous avions fusionné nos corps éthérés, je ne sais rien te dire, juste noyer mon esprit dans la beauté de ton visage, sans mot, sans geste, juste te boire, te dévorer des yeux.

Tes prunelles viennent s’ancrer de nouveau dans les miennes, et me demandent pardon ; pardon de ne pouvoir poursuivre ce chemin qui se perd dans la nuit, pardon de bruler d’un amour qui ne verra jamais le jour et dont il me faut avant tout faire le deuil.

La musique s’arrête, la magie aussi, je sais, j’ai compris, me lève sans hâte, faisant face à ton étonnement.

-« Où vas-tu, tu pars, oh excuse moi ! »

-«  Ce n’est rien, je  m’en vais pour trouver la raison, celle qui me fera comprendre que je devais partir maintenant, avant que nous commencions à sentir le regret s’insinuer dans nos vies ! 

-« De quel regret parles-tu ? »

-«  De celui d’avoir fait juste le pas de trop, sans s’en être rendu compte. » L’amour est comme l’alcool, grisant, transportant, jusqu’au verre qui fait tout déraper, perdre, oublier, se détruire. Il est des êtres que  nous ne pourrons aimer que d’une passion platonique et fantasmatique, si nous ne voulons pas les perdre.

Tu es là, assise sur le rebord du canapé, partagée entre la rage et le chagrin, me regardant disparaître en refermant la porte. Je sens tes yeux dans mon dos me hurler de revenir, et je dois fournir un effort immense pour ne pas y répondre, priant tous les dieux de la nuit de te faire comprendre combien là j’ai raison, de ne pas me haïr, alors que je le fais pour nous.

Je sors de l’escalier et du couloir de ton immeuble, j’arrive dans la rue, et là, dans ma désespérante solitude instantanée, j’ai envie de pleurer !

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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 18:14

Je me suis réfugié au fond de mon bureau, bien à l’abri dans mon imagination, fuyant le ciel gris qui a gagné la bataille ce matin, a pris possession de la journée, aidé par le vent frais et la pluie de temps en temps. J’ai refermé sans bruit les volets,  que j’ai laissés à l’espagnolette, pour que seuls quelques rayons en désespérance puissent venir se  réfugier près de moi.

Depuis, comme porté par une barque sans guide, je virevolte sur les flots  impétueux de mes pensées les plus folles, je n’ai pas de but, pas de destination, je suis la brise de mes souvenirs, de mes sensations, ne sachant où elles me mènent, et où je finirai par poser pied.

Je suis un rêveur éveillé, qui construit chacune de ses images, l’une après l’autre, pour en faire un film rassurant qu’il  se passe en trois  et sur écran géant. On peut y voir des amis heureux de l’être, des paysages époustouflants, des enfants qui ont accepté de ne pas grandir pour offrir à leur père la joie de les choyer, les écouter, les regarder, des chiens fidèles et immortels, des chats, des hamsters, des poissons multicolores qui dansent  sans cesse dans leur aquarium immense.

J’ai donc décidé de faire de mon bureau un gigantesque  vide grenier, d’une journée, où se côtoient les projets les plus fous et les souvenirs les plus doux, les amis, assis à coté des amours.  Les enfants sont des enfants, tout ce que j’ai aimé est  aussi là.

Tiens, une bourrasque dehors vient de tenter de forcer le passage, pour me kidnapper, m’enlever de mon rêve éveillé ! Heureusement comme toutes les bourrasques, elle s’est éteinte avant d’avoir pu m’accrocher l’esprit.

 Rien n’est à vendre bien sûr, juste à consulter, à regarder, à goûter et apprécier ; des éclats de rires, des fou rires, à se tremper les jambes sans retenue, des larmes si brulantes qu’elles vous creusent des rides autour des yeux, comme des sillons dans la terre meuble, des mains tremblantes qui s’unissent au détour d’un frôlement , comme des bouches qui se vomissent de ne plus avoir envie de s’unir dans un baiser, croyant l’avoir trop fait.

Je suis sacrément riche, lorsque je vois tout ce qui  fait ma vie, sacrément riche et fichtrement heureux, même si tu me crois prisonnier de ces quatre murs, qui en fait ne forment que l’enceinte de mon palais pharaonique, aux jardins verdoyants et fleuris, aux bassins garnis de lotus, dispensant leur fraicheur.

Le bonheur est ainsi fait qu’il faut avant tout croire en lui, l’imaginer plus que le ressentir, et peu à peu, il germe en nous, pousse et devient un arbre puissant dont le houppier nous protège des orages

et des tempêtes.

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