Pourquoi, nous autres humains civilisés sommes nous irrésistiblement tentés de poser nos pieds au bord du précipice, de nous laisser aspirer par le vide qui nous effraye tant, lorsqu’il suffirait de rester à quelques pas pour apprécier la sécurité de sa vie ? C’est en quelques mots la question qu’aurait pu se poser en silence Julie.
Tout commença par un pull-over prêté, qui allait lentement et patiemment détricoter une vie au bonheur un peu trop ronronnant.
Julie vivait tranquillement auprès de son mari Pierre, connu depuis le lycée, pour ainsi dire son premier amour, si l’on exceptait les deux ou trois flirts qui avaient consumé son cœur lors de ses vacances d’adolescente, au camping de La Gautrelle, sur l’ile d’Oléron, où elle se rendait avec ses parents tous les mois d’Août.
Ils s’étaient rencontrés à la sortie des cours, elle en seconde, lui en première S, et s’étaient aimés, pour ainsi dire dès le premier regard ! La suite avait été logique, ils avaient rapidement fait vie commune, après le bac, malgré les petites difficultés financières.
Pierre avait tenté une licence en informatique, qui lui avait pris deux ans après le bac, puis un master en école privé, pendant trois ans. Ce fut donc grâce aux revenus de son travail de secrétaire dans une petite PME, qu’ils avaient réussi à vivre chichement dans un petit studio au centre de Nantes, rue de la Tour d’Auvergne.
Ils avaient eu deux enfants, une fille Amandine, l’ainée, et un garçon, Aurélien, qui avaient respectivement 17 et 14ans, deux beaux enfants en pleine santé, qui vivaient leur adolescence avec fougue et insolence, comme tous les jeunes de leur âge. Qu’ils étaient loin au fond de sa mémoire les bébés qu’elle chérissait et choyait !
Elle avait toujours nourrie en elle une profonde et véritable ambition de réussir professionnellement, un réel désir de reconnaissance sociale, qui furent contrecarrés par son manque d’études supérieures. Combien de sociétés où elle avait travaillé, tous ces secteurs différents où elle s’était lancée, corps et âme, et qui ne l’avaient menée nulle part. Elle n’était jamais arrivée à faire reconnaître sa valeur ; pire même, elle quitta nombre de place en claquant la porte, lorsqu’elle se rendit compte que l’employeur profitait largement de ses compétences et de sa détermination, sans qu’il y ait la moindre récompense ou aboutissement pour elle.
Ils avaient quitté Nantes treize ans auparavant pour acheter une maison et s’installer à une trentaine de kilomètres, dans une petite commune rurale. Ils avaient fait construire, d’année en année embelli et amélioré, tant l’intérieur que les extérieurs. Elle s’en faisait une fierté, surtout après les difficultés financières des premières années.
Elle avait tous les ingrédients nécessaires pour une vie douce et heureuse, un bonheur tranquille.
Et puis, il y eut ce Vendredi soir un peu frais de Juin, ce pot au bureau entre collègues qui s’éternisa plus tard que prévu ! Julie, qui n’avait prévu qu’une rapide apparition juste en terminant sa journée de travail, fut absorbée par l’ambiance amicale et joyeuse. Elle passa la majeure partie de la soirée auprès de David, son collègue responsable des stocks.
Ils avaient le même âge, tous les deux, et partageaient une agréable amitié et beaucoup de connivences ; elle aimait travailler avec lui, il était d’humeur constante, gai, et plein d’humour, n’avait ni méchanceté ni rancœur à l’égard de quiconque.
David avait connu la vie de couple à une époque de sa vie, mais après une rupture douloureuse, vivait un célibat fêtard assumé depuis plusieurs années. Elle s’amusait à l’écouter raconter ses aléas de soirées, ses rencontres hasardeuses, ses nuits de fête aussi.
En fin de soirée, elle sentit la fraicheur tomber sur ses épaules nues, la parcourir d’un frisson, et tout naturellement David lui posa son sweat par dessus afin qu’elle ne prenne pas froid.
Elle ne le quitta qu’une fois rentrée chez elle, sans y porter plus d’attention.
Le lendemain, Pierre travaillait, elle se leva longtemps après son départ, et c’est lorsqu’elle désira s’assoir à la table de la cuisine pour prendre son petit déjeuner, qu’elle retrouva le sweat nonchalamment posé la veille sur l’un des dossiers de chaises.
Elle allait le plier et le mettre de coté afin de lui rendre dès le Lundi, mais elle fit instinctivement ce geste qui allait ébranler le cours de sa vie, elle le porta jusqu’à son visage, et en huma la douce fragrance qui s’en dégageait, mélange subtil d’eau de toilette et de senteurs corporelles de son propriétaire.
Pourquoi avoir fait cela ? Quelle idée lui avait traversé l’esprit ? Au moment où ses sens avaient ressenti l’aura olfactive de son collègue, elle avait perçu comme un petit picotement d’aiguille au creux de son être, une excitation étrange l’avait envahie, qui n’était jamais apparue auparavant, et qui venait de la troubler.
C’était une idée absurde, grotesque, dont elle ne décelait pas la raison profonde ; elle ressentait d’ailleurs une certaine gêne de s’être laissée aller à ce geste incongrue, de la gêne mais aussi une part d’émoi qui la transcendait.
Pendant le weekend qui s’ensuivit, un peu honteuse et en cachette, contre toute logique, elle refit le même geste deux ou trois fois, alors qu’elle luttait contre l’idée qui lui paraissait saugrenue, mais au plus profond de son corps, elle aspirait à ressentir une nouvelle fois cette émotion qu’elle n’avait pu contenir la première fois et qui avait submergé tout son être dans un voile sensuel. Ce fut le cas à chaque tentative, émoustillant ses sens un peu plus chaque fois.
Cela ne s’arrêta pas là, malheureusement; avec Pierre, son mari, ils firent l’amour, et elle fut transportée par un orgasme intense, comme elle n’avait pas eu depuis bien longtemps, incompressible, irréductible, anéantissant, épanouissant, mais elle l’eut en pensant à David, au souvenir de son parfum qui hantait sa mémoire.
Elle n’eut d’autre choix que de supporter cette situation en silence, en secret ; elle ne pouvait en parler, ni à l’un ni à l’autre, et s’en trouvait malheureuse, parce qu’irresponsable de cette situation qu’elle jugeait grotesque, mais dont elle ne savait s’extraire.
Au fil des jours, puis des semaines qui passèrent, elle entama un jeu de séduction plus ou moins sous entendu avec son collègue, qui se laissa gentiment bercé par ce qu’elle mit en place. Elle ne pouvait y résister, et pourtant dans son for intérieur, elle savait combien elle se mettait toute seule en danger, intellectuellement, et sans aucune raison valable.
Quelques temps plus tard, elle s’ouvrit une adresse MSN ; peu à peu, elle passa du temps sur son ordinateur, à chatter. Pendant que Pierre était tout occupé de son coté avec sa charge de trésorier du club de football où il jouait ou bien lorsqu’il jouait avec leur fils à la play-station, elle s’extrayait quelques minutes de plus de l’univers familial en discutant avec les internautes, et quelques fois avec David.
Les discussions étaient pleines d’humour, toujours un peu sur le fil du rasoir, emplies de sous entendus, tout en non-dits de sa part, pleines d’émotions tues, invisibles, vu que David ne semblait pas y réagir spécialement.
Si cette aparté était honteuse et humiliante par certains cotés, c’est aussi ce qui la rendait excitante ; elle foulait tous les principes qu’elle mettait en exergue, ceux qui l’avaient construite et maintenue droite et fière jusqu’à cette époque, mais cette pensée offusquante n’enrayait en rien son désir inassouvi.
D’autres semaines passèrent sur le même rythme, dans la même confusion intellectuelle à laquelle elle s’abandonnait. Elle ne faisait guère attention aux apparences, ni chez elle, ni dans l’entreprise. David même lui en avait plusieurs fois fait la remarque gentiment, avec prévenance, mais elle n’en avait rien entendu. Peu importait ce que pouvait penser les autres, elle ne faisait rien de mal, du moins s’imposait elle à le penser.
Que pouvaient ils y comprendre, les autres, mieux qu’elle, qui se voyait parfaitement incapable de donner les vrais raisons de ce délire envahissant ? D’où était il né dans son esprit ? Parce qu’elle frôlait les quarante ans, et qu’elle sentait son charme et sa fraicheur s’éteindre doucement, cette joie de voir dans le regard de l’autre la lumière que l’on y a allumée ?
Elle ne demandait qu’à plaire, juste plaire, séduire, jouer d’un regard, d’une étincelle, appréhender avec peur cet inconnu qui nous tente tous.
Cette folie qui l’avait submergée provenait elle de ses rapports de moins en en moins fusionnels avec ses enfants, jeunes adolescents qui semblaient déjà ne plus avoir de place pour elle dans leur vie naissante ? Comme tant d’autres mères, elle leur avait consacré sa vie, son temps, son énergie, et à peine avaient ils quelques poils qui poussaient qu’ils la rangeaient au placard, au rayon utilitaire. Quelle terrible ingratitude ! Mais c’était aussi au fond de son âme meurtrie comme la cloche du dernier tour sur la piste d’athlétisme. Ou bien était-ce cette vie professionnelle sans incandescence, si plate et insipide qui avait fini par la terrasser, anéantir sa joie de vivre naturelle ?
Oh, et puis zut ! Fallait-il une raison valable pour vivre quelques instants de folie, au milieu de cet océan de certitudes qui nous engloutit tous ? D’ailleurs, peut-on être heureux par désespoir ou avec ennui ?
Non, elle ne connaissait pas la réponse ! Non, elle n’avait pas la solution ou les moyens d’échapper à sa lubie ; elle en était totalement prisonnière, même si c’était bien elle qui s’y était enfermée.
Il lui arrivait certaines nuits de s’en trouver réveillée, d’en rêver éveillée, de sentir le désir puis un plaisir fantasmatique inonder son esprit et jusqu’à son corps. Elle avait, dans le même temps, retrouvé cette joie intérieure de se préparer le matin, rechercher la tenue qui la mettrait le plus en valeur, rehausser ses atouts, masquer les petits défauts au travers d’un maquillage savamment posé.
Elle exultait lorsqu’elle recevait un compliment qui récompensait tout son travail. Elle était redevenue une jeune femme, La Jeune Femme qui dormait depuis si longtemps au fond de son être, et cette sensation était délicieuse à consommer ! Bien sûr que c’était une chimère, bien entendu elle ne se voilait pas la face, elle n’avait plus vingt ans, elle n’était pas devenue une petite écervelée, mais juste et simplement une femme, une belle femme, et non plus définitivement une mère, une ménagère qui tient bien et propre son intérieur, non, un corps qui vibre, un regard qui appelle, flirte, taquine, charme.
Ce comportement attira forcément l’attention de Pierre, qui commença par en prendre ombrage en silence, se contentant de regards en biais, lorsqu’elle passait du temps devant son ordi portable, dans la chambre, suivis de petites piques, de questions pas si anodines que cela. Puis inévitablement les heurts commencèrent; il était suspicieux, agacé, jaloux, il n’avait pas pu ne pas remarquer le changement qui s’était opéré en elle.
Il lui demanda de cesser de suite cette correspondance qu’il trouvait parfaitement déplacée ; il l’exigea ! Elle fut outrée qu’il ait aussi peu confiance en elle, mais aussi humiliée qu’il ait autant raison de douter d’elle.
Elle tenta de mettre un terme au chambardement, pendant quelques jours, du moins lorsqu’elle était à la maison, afin d’avoir la paix dans son foyer, mais cela ne faisait qu’exacerber son envie ; elle se sentait frustrée, accro comme une toxicomane en attente de sa dose, bien qu’il ne se soit jamais rien passé entre elle et David, sinon ce simple jeu de séduction platonique. Elle carburait à l’émotion, celle-là même qui lui faisait une boule au ventre, qui inondait son esprit dès qu’elle se levait le matin, chaque jour de semaine. Elle attendait l’heure d’aller travailler avec impatience ; au sein de l’entreprise, elle trouvait toutes les raisons pour rendre visite à David dans son bureau du magasin, durant la journée, faisant fi des « quand dira t’on ».
Ses soirées en famille finirent par lui paraître pesantes, ennuyeuses, ce qui se reportait sur son caractère : elle devint plus facilement irritable ; elle n’avait aucune patience, avec Pierre comme avec ses enfants.
Tout cela pour un simple fantasme ! pensait-elle lorsqu’elle analysait un peu plus froidement la situation, lorsqu’elle arrivait à prendre du recul. Malgré cette analyse, elle restait incapable de changer, comme mue par une force inconnue et extérieure qui la menait, telle une marionnette, vers le bord d’un précipice dont elle ne voyait pas le fond.
Pierre en arriva à une jalousie maladive, qui lui occasionnait de nombreux accès de colère, et plus rien n’y faisait ; Julie avait beau battre en retrait, il en demandait toujours plus. Elle ne s’en ressentait que plus prisonnière dans son propre foyer, ce qui semblait exacerber de plus bel ses désirs interdits.
Cette fois et pour la première fois, elle se sentait malheureuse chez elle, au sein de son couple, en son for intérieur, et plus rien ne semblait pouvoir l’en guérir. Elle ne savait qui blâmer de cette souffrance, elle avait pourtant besoin de reporter sa colère, quand bien même force lui était de reconnaitre que si quelqu’un devait être porté responsable c’était avant tout et en tout premier lieu elle !
-« Allo, Pierre ? C’est Julie. »
-« Je t’ai reconnue. Qu’y at’il pour que tu m’appelles ce soir ? »
-« Rien de grave, j’ai parlé aux enfants de les emmener à Euro-Disney, le weekend prochain ; je voulais juste te mettre au courant. »
-« C’est ton weekend, tu fais ce que tu veux avec eux ! Non ? »
-« Je ne cherche pas la bagarre Pierre, je tenais à ce que tu sois prévenu, je trouve cela plus convenable, c’est tout. »
-« Bon, ben je suis prévenu, c’est fait, autre chose ? »
-« euh …. Non rien, salut. » Le ton sec et cassant de son ex mari venait de la réfrigérer, de la statuer sur place. Depuis leur séparation, ils n’avaient jamais trouvé le moyen d’apaiser leurs rapports, de les rendre au moins cordiaux, faute d’amicaux.
Voilà déjà trois ans qu’ils s’étaient séparés, que Julie avait décidé de quitter le foyer, la mort dans l’âme, usée par les disputes incessantes, qui lui minaient le cœur.
Leur couple n’avait pas su rebondir, dépasser le problème ; elle, de son coté, n’avait pas su prendre les décisions strictes qui auraient calmé la jalousie de son mari, lui s’était cloitré dans une position inflexible, autocratique, pleine d’inconséquence.
Le pire dans cette histoire pour le moins rocambolesque, c’est qu’elle n’eût même jamais la moindre aventure ou liaison, ni le moindre rendez vous intime avec l’être de son fantasme, David, lequel, par amitié pour elle, refusant de lui laisser faire une bêtise irréparable et gâcher ce qu’ils partageaient tous les deux, selon ses mots.
Toute sa vie s’était écroulée comme un simple château de cartes balayé par un courant d’air, et cela pour quoi ? Pour le désir incontrôlé et incontrôlable de se sentir vivante, encore jeune, belle et attrayante. Oui, c’est cela se sentir Vivante ! Au bout du compte, elle n’en demandait pas plus, et on le lui avait reproché, cruellement reproché, sans tenir le moins du monde compte de toutes ces années qu’elle avait accepté de sacrifier en silence, pour le bien des autres, pour Pierre et la réussite dans ses études et son métier, pour la réussite de ses enfants, pour qui elle se battait bec et ongles afin qu’ils bénéficient de toutes les chances dès leurs premiers pas.
Son souhait silencieux avait été puni sévèrement, elle s’était senti lapidé à coups de mots, de reproches, de regards furieux. On ne lui avait pas donné le moindre moyen d’extérioriser son désarroi, condamnée par défaut.
Ses enfants l’avaient boudée un moment, et puis les liens s’étaient retissés naturellement, et ils partageaient de vrais bons moments, peut être plus que lorsqu’ils vivaient ensemble.
Elle avait quitté son emploi, au bout de quelques mois, pour des raisons évidentes de malaise, avait réussi à obtenir le job dont elle n’osait rêver, par le plus pur des hasards : elle était devenue négociatrice immobilière, simplement en cherchant à se loger. Elle avait de suite sympathisé avec le patron de l’agence, lequel, n’étant pas insensible à son charme, lui avait « déroulé le tapis rouge », après quelques rendez vous aimables.
On lui reconnaissait ses compétences, de toute manière cela se remarquait dans ses revenus particulièrement attractifs, elle n’avait pas son pareil pour traiter et signer une affaire, elle subjuguait les clients.
Elle avait su profiter d’une magnifique aubaine pour faire l’acquisition d’un grand appartement, dernièrement, en périphérie de Nantes, dans un secteur calme et résidentiel, où elle pouvait dignement recevoir ses enfants, lorsqu’ils le désiraient. Cela n’avait pas été vraiment du goût de Pierre, qui nourrissait sa rancœur de l’espoir qu’elle ne se relèverait jamais de la rupture dont il voulait lui faire payer le prix fort.
Elle se refusait à partager de nouveau la vie de quelqu’un, d’abord parce qu’elle se consacrait énormément à son travail, et puis, la situation d’amant et de maîtresse lui plaisait bien ; Henri son boss, l’invitait très souvent à sortir avec lui, divorcé lui-même, pour la seconde fois. Ils avaient partagé des moments d’intimités, sans que cela ne prenne plus d’importance ; il restait prévenant avec elle, charmeur, et surtout il n’agissait pas avec elle comme en terrain conquis, ce qu’elle n’était pas, et ne serait jamais !
Tout cela venait de lui revenir à l’esprit, parce qu’elle venait ce matin, décidée à ranger un peu toutes ces affaires qui restaient encore dans des cartons et des valises, de retrouver dans une des valises ce sweat-shirt, le fameux sweat-shirt de David, celui qui l’avait précipitée dans les abymes de son inconscient, pour l’amener où elle était aujourd’hui.
Un sourire se dessina subrepticement sur ses lèvres, en retrouvant toutes ses émotions qui venaient de défiler en elle. Ce pull était il damné ou bien la plume d’un ange venu lui caresser le visage ? Devait-elle le mettre au feu, sans plus attendre, ou le garder en souvenir, comme la clé qui avait ouvert la porte d’une nouvelle vie ?
Elle décida de le garder, car malgré tous ces terribles instants par lesquels elle avait du passer, c’est dans un autre bonheur qu’il l’avait emmené, et de cela elle lui en était reconnaissante à jamais !
La vie est comme un ouvrage que l’on tricote et chacun de nos jours est une maille, le motif n’est connu qu’une fois que l’ouvrage est terminé